Bien sûr qu'il faut enseigner le fait religieux

  • L'enseignement du fait religieux doit ouvrir aux élèves des horizons sur les grands courants spirituels.

    L'enseignement du fait religieux doit ouvrir aux élèves des horizons sur les grands courants spirituels.

Pourquoi diable, à Genève, tout ce qui touche à la religion, et parfois même jusqu'à la seule évocation de ce mot, est-il à ce point explosif? Il existe chez nous une loi de séparation, datant de 1907, je la salue, et considère le principe de laïcité comme le seul nous permettant, en République, de vivre ensemble en se respectant mutuellement. Je n'aurais pas l'idée, une seule seconde, de réclamer le retour à des régimes de religions d'Etat, ni même de religions préférentielles. L'Etat est une chose. Les différentes Eglises ou communautés spirituelles en sont une autre, c'est entendu.

Mais je reviens à la question: pourquoi certains, à Genève, sont-ils à ce point crispés dès qu'on leur parle de religion? Ainsi, l'enseignement dit du «fait religieux». Il doit être culturel, c'est clair, historique, philosophique, il doit ouvrir aux élèves des horizons sur ce qu'ont été, et sont encore, les grands courants spirituels sur la planète. Loi de 1907 oblige, il n'est évidemment pas question que cet enseignement soit prodigué «pro domo» par des acteurs religieux que seraient, par exemple, des prêtres, des pasteurs, des rabbins, etc. En clair, pas question de profiter de ces cours pour profiter, en passant, derrière la cravate, de faire de la propagande pour sa chapelle.

Une fois ces garanties posées, il me semble que c'est parfaitement jouable. Mais non ! Pour certains laïcards, entendez par là les ultras de la laïcité, les partisans de cet enseignement seraient à chercher dans un «lobby interreligieux» qui, à Genève, se tiendrait les coudes pour retrouver à tout prix une influence perdue. A cet égard, la manière dont Yves Scheller, président de l'Association suisse pour la laïcité, pourtant un homme d'intelligence et de culture, a instruit, samedi 20 avril à Forum (RSR), un véritable procès d'intention au pasteur Roland Benz, est inquiétante. A croire que chez certains, la seule évocation du fait religieux provoque immédiatement urticaire et démangeaisons. Comme si on ne pouvait même plus discuter. La question religieuse à Genève mérite beaucoup mieux que ces anathèmes d'entrée.