Budget de la Ville de Genève: pataquès à droite

CONSEIL MUNICIPAL • La droite et le MCG, tous muscles vrombis, avaient juré qu’ils allaient couper tous azimuts dans les budgets de la Ville. Au final, nada! Rien! La gauche conserve tout, y compris d’improbables postes, la droite a tout perdu. Autopsie d’une défaite.

  • Un budget passé à la loupe par le Conseil municipal. Pour être finalement accepté. ISTOCK/BLACKRED

    Un budget passé à la loupe par le Conseil municipal. Pour être finalement accepté. ISTOCK/BLACKRED

On s’attendait à un débat-fleuve, ce ne fut qu’un aimable et sautillant ruisseau. On avait prévu les gamelles pour tenir la nuit, on fut libéré à 16 heures. Le Budget 2014 de la Ville de Genève poutzé, liquidé, propre en ordre, sans la moindre des escarmouches qu’on nous promettait. Les fameuses coupes de la droite et du MCG, balayées, comme dans la chanson de Piaf: on repart à zéro!

En clair: aucune de ces fameuses coupes ne passe, le sécateur est resté dans la boîte à outils. La gauche triomphe et pourra maintenir son ancestral clientélisme en ville; la droite divisée, trahie, penaude, est en lambeaux. Tout cela, à cause d’un exclu du MCG qui a pris sa revanche, et de deux «indépendants» ayant voté comme ils l’entendaient. La politique comme loterie. Un Parlement municipal, ou, si on préfère, un «délibératif», métamorphosé en arène de hasard. Le degré zéro de la citoyenneté représentative. De quoi alimenter l’antiparlementarisme, qui, soit dit en passant, n’est pas un crime.

Incompréhensions

Ne refaisons pas ici le débat sur l’exacte utilité de ce que contestait une majorité droite-MCG de la Commission des finances du Municipal: pour ma part, simplement, je n’ai toujours pas compris, malgré les louables tentatives d’explications d’Esther Alder et Sandrine Salerno, à quoi servaient les UAC (Unités d’action communautaire), ni le Service dit «de l’Agenda 21». Les remettre en cause, ou tout au moins en questionner l’utilité, n’avait en soi rien de scélérat, à moins qu’on ne considère comme définitivement taboues les multiples inventions de la gauche en Ville de Genève, depuis vingt ans, pour sonner mondial et résonner universel. Peut-être la droite-MCG y était-elle allée trop fort, sans doute avait-elle eu le tort, via Olivier Fiumelli (PLR), de parler de coup de force, mais enfin ces affectations budgétaires à l’improbable utilité méritaient de passer sous la loupe du plénum. Et de se justifier sous le regard des citoyens-contribuables.

Hasard et rancœur

Au final, rien. La droite-MCG nous promettait de tout couper, il n’en fut strictement rien. Parce qu’au milieu de majorités déjà difficiles à trouver, est venu s’installer le petit jeu d’individus déconnectés de tout groupe parlementaire, soit pour en avoir été exclus, soit pour avoir claqué la porte. Et ces braves «indépendants» ont fait la différence! En fonction d’humeurs, et non d’une ligne politique qui soit, face au citoyen, lisible, traçable, identifiable. Nous n’avons pas vécu, ce samedi 14 décembre 2013, un beau moment de démocratie. Nous avons juste vu à l’œuvre un mélange de hasard et de rancœur qui ne grandit pas la citoyenneté.

Dépenser encore plus

Pire: à cause de ce pataquès, une gauche avide de dépenses peut bomber le torse, s’imaginer tout permis, rêver de lendemains qui chanteront et où elle pourra dépenser encore plus, créer de nouveaux postes en Ville, sans avoir à en justifier l’utilité. Tout cela, à cause d’une discorde interne au MCG, alliée à une stratégie pour le moins flottante de la droite. Aux deux tiers d’une législature sans majorité naturelle, c’est la gauche qui prend l’ascendant. Et la «droite élargie» qui devra mesurer son étroitesse.