Cour des comptes: le vrai dossier

  • Le juge Devaud dans une mauvaise passe.

    Le juge Devaud dans une mauvaise passe.

Il y avait déjà les seaux d'eau, les menaces du style «je vais transformer ton dos en aquarium», voici maintenant la bagarre physique. Dans la matinée de ce mardi 23 octobre, les juges Devaud et Geiger se sont battus! Ce même mardi matin, le procureur général, Olivier Jornot, et le premier procureur Stéphane Grodecki, ont procédé à rien moins que la mise sous scellés du bureau du juge Devaud! Tout cela, sur un fond politicard que la population ne comprendra que si on veut bien le lui expliquer: nous sommes à quelques jours du renouvellement de la Cour des comptes (sans ces deux Messieurs, qui ne se représentent pas), les candidats sont soutenus par des partis… Tout s'éclaire!

Dossiers gênants

Le juge Devaud n'est assurément pas un garçon très facile. Mais il a en face de lui des gens qui se tiennent par la barbichette, par partis interposés, et ne veulent surtout pas trop de ramdam avant l'élection de la prochaine Cour des comptes, le 4 novembre. Pour l'absence de tintamarre, c'est raté, certes, mais on a de plus en plus l'impression que certains dossiers ne doivent surtout pas sortir avant l'élection. Par exemple, le rapport du juge Devaud sur la gestion de la FLPC (Fondation pour la promotion du logement bon marché et de l'habitant coopératif). Nous avons eu accès, dès le lundi 22 octobre, à ce rapport, très sévère, ainsi qu'à sa version remaniée, par les deux collègues de M. Devaud. Edifiante lecture.

Petite bombe

Dans son rapport, le juge Devaud constate «une mauvaise gestion des deniers publics portant sur plusieurs millions». Dans une lettre, adressée au Grand Conseil (autorité de surveillance de la Cour des comptes), où il leur balance aussi les deux rapports, le juge estime que «cet audit déplaît aux représentants des différents partis politiques représentés (sic) dans le conseil de la dite entité». En clair, on ne va tout de même pas, à quelques jours d'une échéance électorale judiciaire, laisser exploser une sacrée petite bombe qui pourrait causer beaucoup de tort à bien des partis politiques. CQFD.

Bouc émissaire

Alors voilà, plutôt que de se pencher sur le fond, on préfère tomber sur le juge Devaud. Cris de vierges effarouchées de la Cour des comptes pour rupture de la confidentialité, perquisition du procureur général himself dans le bureau du juge Devaud, mise sous scellés. A quand le bûcher? A la vérité, l'empressement du Parquet à se précipiter chez le juge gênant mérite à son tour d'être questionné. On nous parlera, comme toujours, séparation des pouvoirs. Comme toujours, nous sourirons.