David Hiler: le meilleur s'en va

  • Le ministre a choisi d'éviter la législature de trop.

    Le ministre a choisi d'éviter la législature de trop.

CONSEIL D'ÉTAT • Ce mardi 28 août, milieu de matinée: petite bombe politique à Genève: David Hiler ne briguera pas de troisième mandat au Conseil d'Etat. Unanimement apprécié pour ses compétences, mais aussi sa capacité d'arbitrage au sein du collège, le ministre Verts des Finances estime, après avoir soupesé le pour et le contre, qu'il est préférable d'éviter la législature de trop. Voilà donc le gouvernement genevois privé, à partir de novembre 2013, du meilleur des siens. Un ministre solide, avec vision d'ensemble, connaissance profonde de l'Histoire genevoise, son tissu économique, ses rapports avec ses voisins. Il sera très difficile de le remplacer. Même si l'un ou l'autre coquelet claironne au portillon.

Inimitable stature

David Hiler est une personnalité inclassable dans la vie politique genevoise. D'abord, c'est un homme de culture et de réflexion, pétri d'Histoire, d'observation du réel. Un homme de gauche, aussi, même si certaines de ses options fiscales (en matière de fonds spéculatifs à risques, par exemple) ont été vivement contestées par sa propre famille politique (Sandrine Salerno, notamment). Une gauche caléidoscope, avec certaines composantes dures, mais aussi une forme de libéralisme. Un intellectuel, doté d'un rare pragmatisme. C'est ce mélange des genres, ce jeu de paradoxes, ces infusions de feu et de glace, qui constituent la rare, l'inimitable stature de ce ministre.Chez tout autre, cette mixité des contraires aurait confiné au fatras ou au fracas de grenier. Chez lui, non. Parce qu'autre chose, dans l'ordre de la racine et de l'amont, de l'ordre et du chaos, compose son univers intellectuel. C'est la force de David Hiler. Irréductible aux Verts (connaît-il seulement, sur un chemin de montagne, le nom des fleurs?). Incompressible à la seule gauche. Organisateur et libertaire. Belle saveur complexe que celle de ce ministre.

Redistribution des cartes

Pour l'élection de novembre 2013, ce départ ouvre un jeu qu'il serait prématuré d'imaginer trop tôt. Pierre-François Unger, Charles Beer, et donc David Hiler, en tout cas, ne se représenteront pas. On peut imaginer d'autres défections, ou non-réélections. Bref, le peuple genevois tiendra là l'occasion d'un véritable New Deal, une salutaire redistribution des cartes, toutes choses dont il fut partiellement privé lors des derniers scrutins. A cet égard, félicitons David Hiler de savoir se retirer assez tôt. D'autres, hélas, pour le confort de la fonction, la douce tiédeur des cocktails ou le charme pensionné de l'avenir, n'ont pas nécessairement eu cette sagesse. A M. Hiler, à qui il reste quinze mois difficiles, notamment la question des caisses de pension de l'Etat, souhaitons le meilleur. Le jeu de sa succession, nous en parlerons plus tard.