Didier Bonny: le candidat qui pourrait faire mal

ÉLECTION • Directeur d'école primaire, infatigable militant associatif, remarquable connaisseur des dossiers municipaux, l'ex-PDC Didier Bonny se lance dans la bataille pour l'exécutif de la Ville de Genève. Une candidature crédible avec laquelle, à coup sûr, il faudra compter.

  • Didier Bonny n'a pas attendu qu'on vienne le chercher.

    Didier Bonny n'a pas attendu qu'on vienne le chercher.

Il n'a pas encore 48 ans, mais il est là, dans le paysage urbain, depuis si longtemps. Sillonnant à vélo les rues de cette Ville de Genève qu'il connaît par cœur, où il a passé sa vie à militer, dont il fut très longtemps le conseiller municipal. Didier Bonny, l'homme pressé qui pourtant sait attendre, le chrétien social qui veut jeter des ponts, l'infatigable associatif, a déposé sa propre liste, hors des partis, pour la succession de Pierre Maudet, le 4 novembre, à l'exécutif de la Ville. Et il faudrait être fou, je dis bien fou, pour sous-estimer cette candidature. Bonny est populaire, aime sa ville, connaît par cœur les dossiers municipaux, du social aux sports en passant par les finances. Il ne donne pas l'impression, lui, d'être le candidat d'un cartel de notables, ni d'un club d'avocats sirotant des drinks dans des fauteuils de cuir. Il n'a rien demandé à personne, ne s'est fait pas fait prier, n'a pas attendu qu'on vienne le chercher. Il a lancé une attaque, comme à Douaumont. Et il monte au front.

SOLITAIRE - Il y a quelque chose, dans cette candidature, de solitaire et d'effronté, d'un peu fou, aussi, qui force l'admiration. Ça tranche tellement avec cette espèce d'obligation d'adhérer, pistolet sur la tempe, au candidat si parfaitement habillé, coiffé, si convenable, l'heureux élu du pacte passé entre notables. Candidat qui certes demeure le favori de cette élection, puisqu'il a derrière lui l'Entente, mais devra tenir compte de la campagne Bonny: la bataille pourrait être rude.

TRUBLION - Car il va en bouffer, des voix, l'Oncle Bonny. Cet ancien PDC (il s'est brouillé avec le parti lors des municipales du printemps 2011) représente vraiment une tendance très sociale, même plus à gauche qu'un Jaune valaisan, un Vital Darbellay, par exemple. Toute la gauche, en Ville de Genève, n'étant pas fascinée par la candidature de Salika Wenger, on peut imaginer qu'une bonne partie d'entre elle, côté Verts, socialistes, et même gauche de la gauche viscéralement anti-Salika, pourrait voter pour lui. Directeur d'école primaire, président du Groupe Sida Genève, Bonny est un homme de terrain et de réseaux. Cet ancrage joue en sa faveur. Oui, le trublion place Guillaume Barazzone dans une situation difficile: si le candidat de l'Entente met la barre à droite, on lui préférera l'original, Eric Bertinat. S'il la met à gauche, les électeurs de droite pourraient aussi se reporter sur Bertinat. Lequel, comme on l'imagine, se pourlèche babines et moustache face à cette candidature inespérée.

COURAGEUX - Oh, bien sûr, le candidat Barazzone n'a pas perdu la partie. Lui aussi est populaire, bien élu, et il pourra bénéficier de la machine de l'Entente. Ça n'est pas rien! Mais enfin, cette candidature d'un homme seul, en pétard avec les caciques de son ex-parti, courageux et aux convictions chevillées, fait plaisir à voir. Comme Salika, il a du tempérament. Comme Bertinat, il a des convictions. Comme Barazzone, il a une certaine idée de la démocratie chrétienne. Il n'en a juste plus l'étiquette. Il donne juste un peu moins l'impression de débarquer d'une Rolls. Pour chanter les rues piétonnes. C'est si tendance, non?