Eloge des nouveaux partis

Verts libéraux, PBD, Pirates, et d’autres encore: l’électeur genevois aura sur ses listes électorales, l’automne prochain, une floraison de nouveaux partis. Nouveaux à Genève, puisque, dans les trois exemples cités, ils existent déjà au niveau national. Disons-le tout net: ces formations ont totalement le droit d’exister, de se présenter, elles prennent un risque important, disposent souvent de peu de moyens, elles sont courageuses et méritent notre respect.

D’autant qu’à Genève, avec un quorum fixé à 7% pour constituer un groupe au Grand Conseil, les nouveaux ne partent vraiment pas en position favorable. 7%, c’est beaucoup, et c’est même franchement trop. Bien sûr, il faut un seuil. Bien sûr, l’abolition totale du quorum aurait pour effet le morcellement, la dispersion, l’illisibilité du politique, qui nécessite des groupes idéologiques clairs. Mais ces 7%, maintenus tort par la Constituante, c’est vraiment une machine à maintenir les sortants, broyer les nouveaux, empêcher tout renouvellement de notre paysage politique. Je plaide, non pour une abolition, mais pour un abaissement du quorum, par exemple à 5%.

D’autant qu’ils ne manquent pas de vitalité, ces nouveaux partis. Regardez La Gauche, avec Magali Orsini: il y a la cohérence d’un discours, une compétence, une vision du monde, une exigence républicaine. Ou encore les Verts libéraux, section Genève: émergence de nouvelles personnes, équipe imaginative, combative. Ou les Pirates, auxquels vient de se joindre Didier Bonny: des thèmes de société très modernes, concernants, autour des nouveaux outils de l’informatique, la protection des données, la sphère privée. Et si c’était là les enjeux de demain?

L’Histoire politique suisse montre, depuis quelque 120 ans, une étonnante stabilité: sont apparus dans l’ordre les radicaux, les catholiques-conservateurs (aujourd’hui PDC), les socialistes, les agrariens (aujourd’hui UDC). Beaucoup plus tard, il y a 30 ans, les Verts. Tous ces partis sont encore là. Et tiennent les parts du gâteau. Mais ils représentent des idéologies des 19ème et 20ème siècles. D’autres commencent à poindre, avec les perceptions du futur. Ce serait folie de ne pas les prendre au sérieux.