A Genève comme en France: le Tiers Etat

  • Le Tiers, qu'il soit FN en France, UDC au niveau suisse, ou dans certains mouvements de gauche, réclame le retour du protectionnisme.

VOTE PROTESTATAIRE • A Genève comme en Suisse et en France, il y a une gauche, une droite classique, et puis il y a le troisième tiers: celui du rejet, de la contestation. On l'appellera ici le Tiers Etat. Qui se cache derrière ce nouvel ordre politique? Tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans l'univers bourgeois qui se partage tous les pouvoirs depuis la Guerre. Car dans la tête du Tiers Etat, entre sociaux-démocrates pragmatiques et partis de droite ouverts, c'est blanc bonnet, bonnet blanc.

Rejet

Etre du Tiers, c'est rejeter la mondialisation, la finance spéculée, la libre circulation du capital, mais aussi, à bien des égards, celle des marchandises (notamment en matière agricole). Et avant tout, bien sûr, celle des personnes. Le Tiers, qu'il soit MCG à Genève, UDC au niveau suisse, FN en France, mais aussi dans certains mouvements de gauche, réclame le retour du protectionnisme, celui des barrières douanières et des contrôles. Il croit à la préférence locale. Ou nationale. Il n'a pas enterré les nations.

Vote de souffrance

Ce qui fait avancer le Tiers Etat? L'incompétence des élites actuelles. Leur insensibilité à la très grande précarité. Gardons-nous, pour autant, de cette mode verbale, insupportable, consistant à parler du «vote de la souffrance». De quel droit serions-nous médecins, et eux malades? Deuxième cause, donc, de la percée du Tiers dans nos sociétés: l'arrogance des partis en place, ceux qui ont encore (pour un temps) pignon sur rue, et parlent toujours de ces mouvements comme d'éruptions passagères, pathologiques. On les guérirait, et tout rentrerait dans l'ordre!

Très arrangeants

L'ordre de qui? Mais de ceux qui sont au pouvoir, pardi! En France, MM. Sarkozy ou Hollande. En Suisse, les partis gouvernementaux. A Genève, le PLR, les gentils PDC, les très arrangeants Verts et les socialistes. De leurs loggias, ils voient monter le Tiers Etat. Les uns l'insultent. Les autres haussent les épaules, ou font le dos rond. Comme s'il fallait attendre la fin d'un cauchemar. Comme si, au réveil, l'ordre d'antan allait se rétablir. Mais le Tiers est là, qui insiste et qui guette. En France, dimanche, la seule surprise, c'est lui qui l'a créée. A Genève, ce sera pour quand?