La sollicitude des politiques: non, merci!

  • La «diversité» de la presse, selon Tamedia.

    La «diversité» de la presse, selon Tamedia.

Ils me font bien sourire, tous ces politiques, de gauche comme de droite, qui, en marge de l'affaire Tamedia, se déclarent préoccupés pour que demeure la «pluralité de la presse». Qu'entendent-ils par là? Qu'il faudrait conserver un certain nombre de journaux en Suisse romande? Ou qu'à l'intérieur de ces journaux, il conviendrait de veiller à la diffusion d'idées suffisamment différentes les unes des autres pour bien refléter l'ensemble des sensibilités de la population? Dans ce deuxième cas, il faudrait parler, pour être exact, de «diversité» de la presse.Ils me font sourire, pourquoi? D'abord, par cette confusion même. Les différents titres de tel géant zurichois sur l'arc lémanique vous donnent-ils franchement l'impression, de l'un à l'autre, d'une réelle diversité? Au fond de vous, percevez-vous leurs lignes éditoriales, pour peu qu'il y en ait, comme s'entrechoquant violemment, à la façon des titres de l'Affaire Dreyfus? Cette absence, précisément, de polyphonie, cette grisâtre impression de monocorde, et si elles étaient l'une des causes de désaffection du lectorat? Ils me font sourire, surtout, parce que le souci de «pluralité», ou de «diversité», chez les politiques, ne s'exprimera, croyez-moi, que jusqu'au jour où ils seront eux-mêmes mis en cause. A cet instant exactement, vous dont ils chantaient hier encore les louanges d'indépendance, lorsque vous attaquiez leurs ennemis, ils vous traiteront de scribouillard. Moralité: les chroniqueurs, éditorialistes ou polémistes n'ont strictement rien à attendre des politiques. Leur indépendance, ils doivent la conquérir seuls. Ce combat coûte très cher. En nuits blanches. En aigreurs d'estomac. En brouilles de toutes sortes. En mises à l'écart. Mais il est le seul gagnant. Tout autre ferait de vous un affidé, un obligé. Donc, un valet.