L'avocat genevois qui attaque le ministre allemand

RAS-LE-BOL • L'avocat Pierre Schifferli saisit le Procureur de la Confédération d'une dénonciation contre Norbert Walter-Borjans, le ministre des CD volés, en Allemagne. Dans un contexte où une bonne partie de l'opinion publique suisse commence à se réveiller.

  • L'avocat genevois Pierre Schifferli relaye le ras-le-bol d'un nombre croissant de Suisses.

    L'avocat genevois Pierre Schifferli relaye le ras-le-bol d'un nombre croissant de Suisses.

La nouvelle est tombée ce lundi 27 août, en milieu de journée: l'avocat genevois Pierre Schifferli dépose auprès du Ministère public de la Confédération une dénonciation pénale contre l'homme dont on a tant parlé cet été: le ministre des Finances social-démocrate du Land allemand de Rhénanie du Nord – Westphalie! L'homme qui a eu recours à ces fameux CD volés contenant des données bancaires. Cette démarche juridique aboutira-t-elle? Ce qui est sûr, c'est qu'elle sonne l'heure de la contre-attaque. Depuis quelques semaines, la classe politique suisse s'est réveillée. De nombreuses voix se sont élevées pour dire qu'elles en avaient marre. Marre que la Suisse courbe systématiquement l'échine, sans réagir, face aux attaques d'Etats qui n'ont strictement aucune leçon à lui donner.

ATTAQUES - Pierre Schifferli est tout, sauf un inconnu. Membre de l'UDC, ancien député, Constituant, il appartient évidemment à une famille politique qui prône la souveraineté et n'aime guère la loi imposée par l'étranger. Soit. Mais dans le cas d'espèce, il relaye le ras-le-bol d'un nombre croissant de Suisses, non seulement face à la violence des attaques venues d'Allemagne, de France, des Etats-Unis et de Grande-Bretagne, mais encore – bien pire – face à la complicité, de l'intérieur, de ceux qui trouvent ces attaques parfaitement justifiées, et n'en peuvent plus d'appeler notre pays à l'auto-fustigation.

MORALE - Eh oui! Les moralistes! Ceux qui voudraient que la Suisse se munisse d'un fouet, s'en lacère le dos à la façon des moines pénitents, mea culpa, mea maxima culpa, donnant entièrement raison à ceux, là-bas, qui, sous le paravent de la morale, ne cherchent qu'à ruiner sa place financière (au profit de la leur), ou camoufler des décennies de mauvaise gestion publique en rançonnant, de façon scandaleusement confiscatoire, leurs contribuables. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ont des paradis fiscaux. La France n'est pas capable, depuis bientôt quatre décennies, d'aligner un budget équilibré.

CONTRE-ATTAQUE - L'homme qui, au milieu de l'été, a sonné politiquement la charge de la contre-attaque, c'est Philippe Nantermod. Le brillant co-président des Jeunes libéraux radicaux suisses, 27 ans, a, le tout premier dans sa famille politique, le centre droit, attaqué l'accord avec la France sur les successions. Dans les semaines qui ont suivi, de Dominique de Buman à Christophe Darbellay, le mouvement n'a fait que s'amplifier. L'un des meilleurs moments, sur le plan de la qualité de la démonstration, étant l'intervention de l'avocat genevois Me Halpérin dans Le Temps. Le ton est désormais donné: la Suisse ne se laissera plus faire.

DÉMOCRATIE DIRECTE - La famille politique qui s'est réveillée cet été, c'est le centre droit, PDC et PLR. Sur la question fiscale, ces partis sont, aujourd'hui, assurément, proches de l'UDC qui, elle, n'a pas hésité à actionner la démocratie directe. Comme si les salves venues de l'extérieur avaient eu pour effet de réconcilier – sectoriellement – les différentes composantes de la droite suisse. C'est dans ce contexte qu'intervient la dénonciation de Me Schifferli. Le politique et le droit y sont intimement mêlés. Ce sera, à Genève comme en Suisse, l'un des thèmes forts de l'automne.