Le PS a besoin d'une urgente refondation

COMMENTAIRE, PASCAL DÉCAILLETIl faudra sans doute des mois pour analyser les raisons de la Bérézina socialiste du 17 juin. On s'est vu trop vite gagnant, on a eu trop confiance en soi, on a sous-estimé la défection – ou tout au moins l'abstention – chez les Verts et à la gauche de la gauche. On a visé le rassemblement de la gauche (qui n'a même pas eu lieu!), alors que pour une complémentaire, comme le note Charles Beer, il faut gagner au centre. On n'est pas suffisamment allé sur le terrain, en tout cas sur le bon. On a eu tort, immensément, de tenir sur le droit du sol des propos qui suintaient l'expropriation, le couteau entre les dents, le bon Genevois moyen n'aime pas beaucoup ça.Tout cela, Manuel Tornare le dit. Mais aussi quelques autres, avec lui. Ces vérités, il est un nombre incroyable de caciques qui refusent obstinément de les entendre. Certaines de leurs réactions au coup de gueule de Tornare, dont celle du président du Municipal de la Ville de Genève, Jean-Charles Rielle, s'accrochent à la défense de l'appareil, comme si c'était un but en soi, donnant une impression de Politburo en colère contre l'homme qui avait osé parler. Vous êtes méchant, M. Tornare, lui dit-on en substance, parce que vous grillez les instances du parti, les décisions des Assemblées de camarades.Le problème, c'est que les camarades, la population genevoise s'en contrefout. Elle ne s'intéresse pas au bon fonctionnement interne du PS, mais à l'amélioration de la qualité de vie dans le canton. Or, si un homme a fait ses preuves en l'espèce, c'est bien Tornare, par exemple en matière de petite enfance. Conclusion: même si Mme Emery-Torracinta fut une candidate de très haute tenue, qui sut s'abstenir d'attaques personnelles, et qui mérite tout notre respect, le péché originel dans cette défaite est bien, en amont, d'avoir éconduit celui qui était le meilleur de tous. Un homme, d'ailleurs, ne s'y était pas trompé: juste après la non-désignation de Tornare par les gentils camarades, il nous confiait que les socialistes venaient de lui faire là un très beau cadeau. Cet homme, vous l'avez deviné, s'appelle Pierre Maudet.