L'Ecole, notre souci premier

ÉLECTIONS • Après une décennie flottante (1993-2003), celle du socialiste Charles Beer à la tête du DIP (2003-2013) aura paradoxalement été celle des remises à l'heure. Notamment sous l'impulsion d'un homme, qui l'aura marquée de son empreinte: Jean Romain. Reste à savoir qui reprendra ce Département capital, entre 2013 et 2018.

  • L'avenir de notre système scolaire est une question cruciale.

    L'avenir de notre système scolaire est une question cruciale.

  • L'ère socialiste aura été celle de la remise des pendules à l'heure.

    L'ère socialiste aura été celle de la remise des pendules à l'heure.

Vous avez remarqué? Ils sont tous en campagne! Tous dehors, sur le terrain, à se montrer un maximum. Ils ont bien raison d'ailleurs: c'est dans ce contact direct avec les gens, dans la joie festive de ces rencontres, que les choses se passent. Le week-end des 31 août et 1er septembre, le temps était somptueux, alors ils sont tous sortis, c'était comme une grand-messe, ou des comices agricoles, quelque chose de puissant autour du cochon qu'on saigne, et ma foi cette démocratie vivante, avec sa liturgie et ses ivresses, fait plaisir à voir. On a même vu un conseiller d'Etat sortant, d'un grand vieux parti, se prendre de passion pour la santé des chevaux. On achève bien les apparences.

Du contenu

Va, donc, pour l'exultation. A condition toutefois qu'il n'y ait pas seulement du paraître, mais une dose au moins équivalente de contenu. Car pour «se vendre», il faut avant tout avoir quelque chose d'un peu solide en besace, sinon c'est la dictature de l'apparition, et prendre l'électeur pour un simple consommateur. Si vous les rencontrez, sur leurs stands, n'hésitez pas à les questionner, histoire de voir ce qu'ils ont dans le ventre. Et pas seulement sur leurs sujets à eux, la sacro-sainte sécurité, ou la mobilité, ou le logement, mais sur vos sujets à vous, ceux qui nous concernent tous. Par exemple, l'école. Je suis frappé de voir à quel point l'avenir de notre système scolaire, question cardinale, et franchement pour moi la première de toutes, n'intéresse que de loin les candidats.

Continuité

Car c'est une grande et belle chose que l'histoire de l'école à Genève. L'aventure du savoir, mais aussi les priorités de la République pour préparer au mieux ses enfants à affronter la vie. Invention du Cycle d'Orientation par le conseiller d'Etat radical Alfred Borel (1954-1961), quart de siècle, capital, d'André Chavanne (1961-1985), puis le PDC Dominique Föllmi (1985-1993), la libérale Martine Brunschwig Graf (1993-2003), enfin la décennie socialiste de Charles Beer (2003-2013), tous s'y sont essayés, chacun tentant de laisser sa marque, mais dans la conscience d'une continuité. Vaste programme! Alors oui, si vous croisez des candidats, demandez-leur donc ce qu'ils pensent de l'avenir de l'école. Et quelles sont leurs pistes.

Héritage

La décennie Beer ne fut pas la pire. Après la précédente, qui fut de réformite aiguë et mal comprise par la population, il y eut, principalement sous l'impulsion de Jean Romain, professeur de philosophie mais aussi depuis 2009 député radical, la remise en question de quelques errances des années 1990. Fin de la «rénovation» au primaire avec la votation de septembre 2006 sur le retour des notes, retour à ce qui ressemble à des sections au Cycle d'Orientation, et tout récemment, ce jeudi 29 août, adoption par le Grand Conseil de la motion Jean Romain visant à réformer – en la simplifiant – l'ordonnance de Maturité, version Genève. Histoire de nous sortir de la jungle des options. Paradoxalement, l'ère du socialiste Beer aura été celle de la remise des pendules à l'heure. Son successeur, à bien des égards, héritera d'un Département apaisé. Puisse-t-il y réaliser de grandes choses, au service du savoir. Et de la République.

«La décennie Beer ne fut pas la pire»