Marre de cette campagne, beaucoup trop longue!

ÉLECTIONS • Onze semaines de campagne! Avec notamment un délai de cinq semaines, interminable, entre les deux tours du Conseil d’Etat. Résultat: une campagne qui traîne en longueur, finit pas lasser. Le grand vaincu pourrait être, hélas, le taux de participation.

  • Marre de cette campagne, beaucoup trop longue!

    Marre de cette campagne, beaucoup trop longue!

Le temps mort. C’est ce qui pouvait arriver de pire dans une période électorale, ça s’est produit, c’est une authentique calamité, et pourtant c’était à prévoir. Six semaines entre la rentrée scolaire (26 août) et le premier tour des élections. Le 6 octobre, un événement, enfin, avec la nouvelle composition du Grand Conseil. Et puis, de nouveau cinq longues semaines jusqu’au deuxième tour du Conseil d’Etat, le dimanche 10 novembre. Au total, onze semaines de campagne! C’est trop, beaucoup trop, les Genevois en ont marre. Marre des promesses, marre des stands, marre de ces salamalecs. Cet automne électoral n’a que trop duré. Ce nouveau système n’est pas bon. Il faut le changer.

Pourquoi voter deux fois?

D’abord, le système à deux tours pour le Conseil d’Etat. Il est certes prévu par la nouvelle Constitution, acceptée par le peuple. Mais à ce jour, l’immense majorité des gens qui m’abordent dans la rue, pour me parler des élections, n’en comprennent absolument pas l’utilité. Vous pouvez leur servir toutes les démonstrations intellectuelles que vous voudrez, sur les vertus d’une primaire par le peuple, ils ne saisissent pas pourquoi il faut voter deux fois, à cinq semaines d’écart, pour les mêmes (enfin, 11 des 29) que pour le premier tour. Au final, ces onze auront défilé dans le cirque pendant onze semaines, ils auront fait deux fois la même campagne, avec les mêmes arguments, sur les mêmes thèmes. Cela, les élites ne veulent pas le voir, mais c’est ainsi que le peuple le ressent: il suffit de discuter avec lui!

Attente injustifiée

Deuxième écueil, flagrant : l’interminable longueur de l’entre-deux-tours. Voulue non par les Constituants, mais par les législateurs qui ont suivi. Pourquoi, mais pourquoi diable, cinq semaines entre les deux scrutins? Sur 29 candidats au Conseil d’Etat, il en reste 11. Ces onze sont, dès le soir du premier tour, parfaitement connus du public, puisqu’ils ont déjà fait cinq semaines de campagne! Dès lors, la phase d’exposition, comme on dit au théâtre, n’a plus lieu d’être, on est en terrain connu, il faut au plus vite opposer les restants, et que le peuple tranche. Rien, mais absolument rien ne justifie ces cinq nouvelles semaines de période électorale! Même dans les débats, on finit par tourner en rond: j’en ai organisés, par exemple, au moins six sur l’apprentissage et les jeunes en rupture, les arguments, appris par cœur, sont toujours les mêmes, défiscaliser les patrons qui engagent, alléger l’administration, on se rend compte à quel point la plupart des candidats n’ont pas grand-chose à dire, répètent des poncifs, la plupart ignorant d’ailleurs la réalité des PME.

Schizophrénie politique

Bien plus grave encore: ce nouveau système consacre la séparation totale entre élection parlementaire et choix du gouvernement. Non qu’il faille à tout prix faire procéder le second du premier, ce serait là une République d’Assemblée. Mais de là à couper tout lien de cause à effet, il y a comme l’émergence d’une schizophrénie politique qui ne sert vraiment pas la clarté républicaine. Résultat de tout cela: une campagne beaucoup trop longue, empesée de répétitions. On a trouvé mieux, pour lutter contre l’abstention. Puisse cette dernière ne pas être le vrai vainqueur du 10 novembre.