MCG: les leçons d'une victoire

GRAND CONSEIL • Passant à vingt sièges, le MCG confirme sa progression constante depuis 2005. Il n'est plus question, aujourd'hui, de parler de fièvre passagère. Nous sommes, avec le succès du blog MCG-UDC, face à l'émergence d'une troisième force, sur laquelle la politique genevoise devra compter.

  • Liesse générale dimanche soir à Uni Mail.

    Liesse générale dimanche soir à Uni Mail.

Surgis du néant, ils remportent neuf sièges dans leur première candidature au Grand Conseil en 2005, dix-sept en 2009, vingt en 2013. Seuls contre tous. Contre vents et marées. Contre les quolibets des patriciens, des notables, des installés. Contre l'immense majorité de la presse et des éditorialistes (mais rassurons-nous, les nouveaux convertis ne tarderont pas). Contre le Conseil d'Etat sortant, ses cabinets noirs, ses vassaux et affidés. Qui, eux aussi, se convertiront, parce qu'il existe une race d'hommes qui montre une parfaite ductilité à se plier devant tous les pouvoirs, puisqu'ils sont pouvoirs.

Ascension

Remarquez bien que le MCG n'accède pas au pouvoir. Le Conseil d'Etat, ils vont tout faire pour lui en barrer la route, nous verrons le résultat le 10 novembre. Il augmente juste sa députation de trois sièges, ce qui est certes considérable, accentuera son rôle au Parlement. En réalité, s'il n'y avait eu la fusion radicaux-libéraux, le MCG, parti lancé il y a seulement huit ans, serait le premier du canton. Comme au Tessin, la Lega. A-t-il atteint le plafond? Nul d'entre nous ne peut répondre à cette question. Mais une chose est sûre: le qualifier de «fièvre», donc passagère, le considérer comme un cauchemar dont on finirait bien par se réveiller, est une erreur.

Patriotisme

Ce parti draine en lui quelque chose de très fort dans la mentalité genevoise, et sûrement pas la seule contestation: il y a de la gouaille, oui, mais populaire, sociale, révoltée, et aussi très attachée à ce coin de pays: le patriotisme n'est surtout pas l'apanage des patriciens, encore moins celui des mondains. La grande victoire de ce dimanche 6 octobre, dans l'Histoire genevoise, n'est pas celle de la bande de contestataires ou de gueulards que voudraient nous dépeindre les bourgeois sortants. Mais elle est, ajoutée à celle de l'UDC, la confirmation de l'existence forte, à Genève, d'un mouvement à la fois conservateur, joyeux, populaire et social, rejetant tout à la fois le socialisme dirigiste et les mirages de l'argent roi, l'argent spéculé, l'argent qui corrompt, et dont parlent si bien les grands imprécateurs, comme Léon Bloy, du début du vingtième siècle.

«S'il n'y avait eu la fusion radicaux-libéraux, le MCG serait le premier du canton»

Dont acte

A cela s'ajoute le thème de la frontière, commun au MCG et à l'UDC: franchement dit, on peut se demander si le premier vaincu de ce 6 octobre n'est pas ce fameux «Grand Genève» dont on nous rabat les oreilles, et qui, avec l'hostilité d'une aussi grande partie de la députation (sans compter celle d'Ensemble à Gauche), risque une petite cure de glaciation d'ici mars 2018. Pour le reste, tout est ouvert. Nous en prenons pour près de cinq ans avec un Parlement tripolaire, les majorités se créeront donc en fonction des circonstances. Il faudra aller les chercher, elles ne seront pas automatiques, il y faudra des arguments et de la puissance de conviction, c'est plutôt une bonne chose. Un Parlement n'est pas une Chambre d'enregistrement: il est l'émanation des forces plurielles du corps électoral. Nous reviendrons, dans nos prochaines éditions, sur la course au Conseil d'Etat, mais il nous semblait nécessaire, d'abord, de prendre acte du message donné par le peuple le 6 octobre.