Michèle Künzler: elle doit partir !

CONSEIL D'ÉTAT • Le samedi, elle est désignée par son parti pour une nouvelle candidature au Conseil d'Etat. Le dimanche, elle subit une cinglante défaite, qu'elle refuse d'assumer, avec la victoire de l'initiative de l'AVIVO sur les tarifs TPG. Ajoutée à un bilan bien fragile, cette défaite pose la question de la pertinence d'un second mandat de Madame Künzler.

  • Michèle Künzler, une ministre qui n'assume pas.

    Michèle Künzler, une ministre qui n'assume pas.

Circulation impossible dans les rues de Genève, transports publics désavoués, dimanche 3 mars, par le peuple souverain, et en plus, au soir de la défaite, une ministre qui n'assume pas. Cette même conseillère d'Etat qui, la veille, malgré un bilan très contesté, était adoubée par son parti pour un nouveau mandat au Conseil d'Etat. Que se passe-t-il avec Madame Künzler? Les Verts traversent-ils, comme d'autres, une phase de déni? Ou alors, pressentant qu'un seul des leurs sera élu le 10 novembre, placent-ils leur magistrate sortante aux côtés d'Antonio Hodgers, histoire de ne pas souiller le dogme de parité, en sachant très bien que seul le jeune conseiller national a des chances de passer ?

TAIRE LES PROBLÈMES
Il y a, à Genève, un problème Künzler. Comme il existe un problème Rochat. Nous, les commentateurs, les éditorialistes de la vie politique, il faudrait, pour rester copains avec le pouvoir et continuer de trinquer avec ces gens dans les cocktails, que nous les taisions, ces problèmes? Il n'aurait pas fallu, au soir de la désignation d'Isabel Rochat contre Olivier Jornot, deux PLR, prendre la plume? Ni au soir de celle de Véronique Pürro, contre Manuel Tornare, deux socialistes? Ni dénoncer les faiblesses de la Chancellerie? Mais alors quoi! Nous serions juste là pour la fermer, lustrer le poil des politiciens? A cela, pour ma part, je dis non.

IMAGE DÉVASTATRICE
Car la réaction de Michèle Künzler, au soir de la victoire de l'initiative de l'AVIVO sur les tarifs des TPG, donc de sa défaite personnelle, n'a pas été à la hauteur de la dignité ministérielle. Elle perd, bon, ça peut arriver. Mais accabler à ce point, comme elle l'a fait, la direction des TPG, est inadmissible. Elle est la ministre de tutelle, c'est à elle, face au public, d'assumer ce qui se passe dans l'univers dépendant d'elle. L'image donnée par cette réaction est dévastatrice: une magistrate qui n'assume pas, charge les autres, refuse d'écouter le signal du peuple souverain. «Je vais reprendre la main sur la communication des TPG», tonne-t-elle: elle l'aurait donc perdue ?

ARROGANCE DU POUVOIR
Cette absence de sensibilité face à une décision du corps électoral en rappelle une autre: après le non des électeurs de la Ville de Genève aux rues piétonnes, Michèle Künzler, au lieu d'en prendre acte, annonçait immédiatement des sanctions contre les automobilistes que les hasards du destin auraient amenés place Bel-Air. Arrogance du pouvoir. Mépris du libre choix du mode de transport, pourtant voulu par le peuple. Regardez autour de vous, en cette période de Salon: rien n'a été entrepris, en termes de dissuasion, d'informations aux conducteurs venus de Suisse ou de l'étranger, pour nous éviter à tous de gauger comme des suidés suintants dans les bouchons.CÉDER LA PLACE Je respecte totalement Mme Künzler en tant que personne, elle est même très sympathique et connaît plutôt bien les dossiers. Mais, dans la fonction de ministre, elle n'a pas réussi. Dans ces conditions, la présenter une nouvelle fois au suffrage des Genevois est problématique. Lorsque le bilan n'éclate pas de lui-même, nous devrions, nous les citoyens, nous montrer plus sévères avec les sortants. Et laisser leur chance à d'autres. En conséquence, j'estime qu'au terme de la législature, cette magistrate doit partir.