PDC: la tourmente en sifflotant

POLITIQUE • Le PDC genevois ne veut pas comprendre. Il laisse s'envoler certains de ses membres vers le MCG sans s'interroger sur les raisons de ces départs. C'est la politique du déni et de l'ornière. Tout va très bien, Madame la Marquise.

  • Philippe Joye.

    Philippe Joye.

  • Sandra Golay.

    Sandra Golay.

  • Delpèhine Perella Gabus.

    Delpèhine Perella Gabus.

Ils font comme si de rien n'était. Ils continuent d'avancer, en sifflotant, comme si rien n'était en train de se passer à l'intérieur de leur parti. Bourgeois, notables, de toutes les coalitions au pouvoir depuis des décennies, pourvu qu'on s'y cramponne, bandes de copains, claniques jusqu'à l'impensable, les PDC genevois sont en train, tout gentiment, non seulement de vivre une crise interne, mais surtout de décrocher la médaille d'or du déni. Tout va bien, rien ne se passe. Il n'y a aucun problème, circulez, rien à voir. L'ordre règne au PDC.

QUELQUE CHOSE DE GRAVE Il y a pourtant ces quelques départs. Nous n'avons jamais prétendu ici que trois ou autre départs, même cinq ou six dans les semaines qui viennent, soient en soi quelque chose de grave. Les effectifs des partis vont et viennent, là n'est pas l'essentiel. Mais la manière dont le PDC genevois a géré ces départs, relève du degré zéro de la communication politique, et surtout révèle l'actuelle déliquescence de la direction du parti, si ce n'est son évanescence, allez disons absence et topons là.

DÉCISION TOUT EN HAUT Il y a eu Delphine Perrella, ancienne candidate à la présidence du parti, politicienne intelligente et lucide, mais n'ayant, à juste titre, pas supporté sa mise à l'écart au dernier moment de la course pour l'élection à la Cour des comptes. Parce que désormais, les choses se décident tout en haut, et le PDC s'aligne sur son grand frère le PLR, plus exactement sur la Garde noire de ce parti, l'entourage direct d'un ministre. Alors, Delphine est passée au MCG. Et les notables PDC ont ricané. Puis, il y a eu Sandra Golay, conseillère municipale, anciennement PDC. Au MCG, aussi. Et les notables du parti ont ricané. Puis, venant cette fois du PLR, il y a eu le numéro 2 de la police, Jean Sanchez. Là, déjà, on riait un peu moins. Enfin, ce dimanche 10 février, 18h, sur Léman Bleu, il y a eu l'annonce du transfert au MCG d'un ancien conseiller d'Etat PDC, pas le moindre, Philippe Joye.

TACTIQUE NAUSÉABONDE Là, on n'a plus osé ricaner. Alors, dans une tactique nauséabonde, on s'est mis, d'un peu partout, à mettre en doute les facultés du transfuge. Ecoutez-le pourtant, dans son

argumentaire: lui aussi en a marre d'avoir été écarté, humilié, par une présidence qui, de son point de vue, ne lui accordait pas les égards d'un ancien magistrat cantonal. Il se trouve, apparemment, que le MCG s'est montré plus accueillant, plus ouvert à l'écouter sur sa conception très fondée d'une traversée du lac, en un mot plus respectueux.

«LOOSERS» Mais, chez les caciques du PDC, on ne veut rien voir, rien entendre. Lundi 11 février, dans soirée, l'ancien président du parti, dans un courriel que nous nous sommes procuré, écrivait de façon incendiaire à Luc Barthassat, conseiller national et candidat au Conseil d'Etat, lui reprochant très vivement d'avoir traité de «loosers», le même jour à la RSR, les transfuges. Mais à part cela, bien sûr, tout va très bien, Madame la Marquise. On se dirige tout doucement vers l'iceberg. Mais la musique est si douce. Oui, la petite musique du déni. La négation du réel. La certitude d'être éternels. Quelque part, là-haut, dans l'océan glacé.