Sandrine Salerno: la candidate qui ose

ÉLECTIONS • Candidate socialiste au Conseil d'Etat, au sein d'un quatuor de qualité, Sandrine Salerno n'a peur de rien. Elle avance ses idées, se fait des ennemis, ne craint ni les pièges, ni la mitraille. Portrait d'une combattante qui a choisi l'offensive, la guerre de mouvement.

  • Sandrine Salerno: une énergie qui force le respect.

    Sandrine Salerno: une énergie qui force le respect.

Maire de Genève pour la deuxième fois, depuis le 1er juin, candidate au Conseil d'Etat, Sandrine Salerno est une combattante en constant mouvement. Là où d'autres ont, pour l'heure, opté pour la guerre de position, celle des tranchées où l'on attend patiemment l'erreur de l'adversaire, elle est, elle, tout au contraire, à la manœuvre. Occupe le terrain, bat la campagne, se dépense sans compter, surprend, irrite, exaspère, mais au moins elle est là, elle existe. Elle a choisi la guerre de mouvement, limite Blitzkrieg, disons qu'elle n'en peut plus de franchir la Meuse et les Ardennes, fait la guerre de jour comme de nuit, semble se nourrir de sa propre énergie. Elle se bat.

L'ÉVEIL DU PARTI

Les autres aussi, se battent. Ses trois colistiers socialistes, Anne-Emery Torracinta, Roger Deneys et Thierry Apothéloz ne sont pas en reste. Assurément, le quatuor socialiste 2013 a une pêche qu'on sentait tout de même un peu moins dans le duo 2009. Ils en veulent, tous les quatre, il y a bien sûr une rivalité interne, c'est normal, mais enfin, au terme de ce printemps, chacun a donné le meilleur de lui-même: on a l'impression que ce parti, après des années difficiles, se réveille. Le parti aurait-il tiré les leçons de la campagne pour la complémentaire du 17 juin 2012, qui vit Pierre Maudet triompher d'Anne Emery-Torracinta?

AUDACE ET PROVOCATION

Retour à Sandrine Salerno. Elle est la candidate qui ose. Elle a même toutes les audaces, celle d'innover, déplaire, provoquer. Elle n'a pas peur. Exemple: dans un débat face au PDC Serge Dal Busco, au soir du dimanche 16 juin, elle propose l'impôt à la source pour tous. Pas seulement les frontaliers, ni les titulaires de certains permis, mais toutes les personnes physiques du canton! Idée aussitôt balayée par son contradicteur, qui n'y voit qu'un artifice, pulvérisée toute la journée du lendemain par la droite sur les réseaux sociaux. Une vraie idée de gauche, dans sa manière de placer l'Etat en amont de toute chose, avant la responsabilité individuelle, le principe républicain de «déclaration» des revenus. Tout cela, elle le sait, mais le fait quand même. La candidate qui ose.

UN JEU RISQUÉ

Le jeu, dans cet exemple comme dans tant d'autres (sa déclaration sur les cols blancs, notamment) est extraordinairement risqué. Sandrine Salerno a déjà contre elle une fronde méchante, tenace et virulente de la gauche de la gauche, qui ne perd pas une occasion de la caricaturer en ministre vendue à la droite. Mais une partie de cette même droite, de l'autre côté, la rejette, la dépeignant comme une pasionaria de la gauche révolutionnaire, avec couteaux entre les dents. Entre ces deux lignes de feu, avec une absence de crainte assez exceptionnelle, la division Salerno avance. Les Ardennes, elle les franchit. Après, on verra bien.

DÉTERMINATION

Après, quoi? Eh bien elle sera élue, ou ne le sera pas! Mais au moins, avec un courage qui force l'admiration, une impavide insensibilité à la mitraille, elle avance. Lit-elle Clausewitz la nuit? Il y a, dans son attitude, la claire détermination de celle qui, sans retour, s'est mise en mouvement. Elle ne regarde ni derrière, ni vers les fortins. Elle mène campagne. Et l'odeur de la poudre, comme le silex, fait frissonner son ambition. On en redemande.