Super-Maudet sauvera-t-il le Conseil d'Etat?

RÉSURRECTION • Le Conseil d'Etat revit!
L'arrivée de Pierre Maudet lui donne un véritable coup de jouvence. Il y aura un état de grâce, vite passé. Et puis, il faudra que le collège, très vite, donne des preuves d'efficacité.

  • La mission la plus dure attend le ministre fraîchement élu.

«Le pari de l'électrochoc», titrions-nous ici même, il y a deux semaines. L'arrivée de Maudet comme unique chance de survie d'un collège gouvernemental en bien mauvaise posture. Eh bien, sachons le reconnaître: le Conseil d'Etat, depuis l'élection du surdoué radical, a fait tout juste. Au nouveau joueur, frais, lucide et ambitieux, propulsé sur le terrain, il a confié la mission la plus dure, la plus exposée, celle sur laquelle l'équipe, dans seize mois, sera jugée: la sécurité à Genève. Il eût été folie ñ et nous pesons nos mots ñ de laisser ce Département entre les mains de sa titulaire depuis 2009, non que cette dernière ait fait tout faux, mais parce qu'elle y était politiquement grillée.

LE CHOIX D'ISABEL
Eh oui, c'est très dur, la politique, il faut avoir le cuir très épais: même si Mme Rochat s'est donnée sans compter, a engagé d'intéressantes réformes, est une personne parfaitement respectable, elle n'était plus, Maudet revendiquant le poste, en situation d'exiger de le conserver. On nous a donc susurré qu'elle avait elle-même demandé à s'en dessaisir. Il était trop jouissif d'observer la moustache délicieusement énigmatique du président du Conseil d'Etat, entonnant cette chansonnette. Feignons de le croire. C'est sans importance. Depuis quand la vérité, en politique, serait-elle d'une quelconque pertinence? Mme Rochat sera sans doute plus heureuse au Social, ou du reste l'essentiel des réformes a été engagé par son prédécesseur. Elle aura l'occasion de les peaufiner.

PREMIÈRE LIGNE
Reste Maudet, face à son destin. Et, plus prosaïquement, face à la police. Pour le destin, c'est quitte ou double: il y a quelques mois encore, les deux libéraux tenaient les Départements-clefs de la police et des constructions. L'un fut évacué du collège, l'autre de son dicastère. Ce sont maintenant les deux radicaux qui les tiennent. On ne me fera pas croire qu'ils ne l'ont pas un peu voulu, et depuis longtemps. Mais enfin ils sont là, fort bien. Et ils savent, car ils sont très intelligents, qu'ils sont maintenant, eux, en toute première ligne. S'ils réussissent, ils sauvent tout. S'ils échouent, c'est plus ennuyeux. L'homme d'Onex, qui possède maintenant des rampes de missiles dans sa commune, mais aussi à Vernier, Meyrin et Lancy, les tient à l'œil. Il ne laissera rien passer. A cet égard, notons un très intéressant changement de discours de la part du tout nouveau ministre de la Police: «L'ennemi, ce ne sont pas des partis, c'est l'insécurité elle-même». De Forum au Grand Oral, il l'a dit et répété. Faut-il y voir l'esquisse ñ ou tout au moins l'espoir ñ d'une trêve avec le MCG sur les questions sécuritaires, une paix des braves? A suivre, de près.

POSTES-CLEFS
Le dernier élément est le destin de la cheffe de la Police. En aucun cas, Mme Bonfanti n'a démérité, loin de là. On dira même qu'elle a tenu la boutique alors que les signaux politiques de tutelle étaient pour le moins flottants. Mais voilà, il n'est pas déraisonnable d'imaginer que le nouveau ministre en vienne à souhaiter, dans les mois qui viennent, placer ses gens à lui dans les postes-clefs. Là aussi, à suivre, allez disons d'ici Noël. D'ici là, excellent été à tous!