Tiendront-ils jusqu'au bout ?

CONSEIL D'ÉTAT • Et maintenant, il va falloir revoter sur une initiative acceptée par le peuple! Encore une bévue à mettre au bilan bien frêle du gouvernement. Une équipe fatiguée, sans cohérence. Certains donnent carrément l'impression de ne plus avoir envie de gouverner. Inquiétant: il reste encore sept mois jusqu'au terme!

  • Le Conseil d'Etat, une équipe fatiguée, sans cohérence.

    Le Conseil d'Etat, une équipe fatiguée, sans cohérence.

Nous avons déjà, l'une ou l'autre fois, ici, exprimé l'idée que ce Conseil d'Etat 2009-2013, encore aux affaires jusqu'en novembre, s'avérait hélas l'une des équipes les moins convaincantes depuis la guerre. Beaucoup de promesses lors de la campagne 2009, rien de tenu, ou presque. On nous a fait miroiter le PAV (Praille-Acacias-Vernets), des milliers de logements, une Genève plus sûre dans les rues et les quartiers, un taux de chômage qui baisserait, une mobilité en amélioration, des primes maladie qui cesseraient leur hausse vertigineuse, une traversée du lac qui serait acceptée par Berne, des finances saines. Rien de cela n'a été tenu. Pire: au soir du Jeudi Saint, 28 mars, dans la précipitation, un Conseil d'Etat aux abois donnait une conférence de presse pour s'expliquer sur la décision de la Cour de justice de faire revoter le peuple dans l'affaire des tarifs TPG. Tout cela mis bout à bout, fait beaucoup. Et même trop. Cette équipe à bout de souffle tiendra-t-elle simplement le coup jusqu'au terme, fin novembre?

DE L'ENVIE, DU RESSORT Le citoyen, la citoyenne, le contribuable aussi, a le droit de se poser cette question. Que nous soyons de gauche, de droite, du centre, ou même de nulle part, nous sommes en droit d'exiger de notre gouvernement cantonal qu'il montre, pour les sept mois qui lui restent, de l'envie, du ressort, de l'énergie, juste histoire d'accomplir jusqu'au bout la mission qui lui a été confiée. A ce niveau de responsabilité, même si on est sortant, on se bat jusqu'à la dernière minute du dernier jour. Et, si on se représente, eh bien on se bat encore plus, en montrant au public un impérieux désir de se projeter dans l'avenir. Franchement, cette ivresse dionysiaque d'en découdre, de bouffer la vie, d'innover, transgresser, de nous surprendre, vous la sentez, dans l'équipe actuelle?

OÙ SONT LES PRIORITÉS ? Hélas, sept gestionnaires se côtoient. Chacun, du mieux qu'il peut, tente de gérer son Département. Mais où est la dynamique de groupe? Où sont les priorités? Quels objectifs précis ce gouvernement s'est-il fixés, une fois évaporées les belles paroles du Discours de Saint-Pierre de fin 2009? Quelles responsabilités – au sens où pouvait l'entendre un homme comme Pierre Mendès France, le remarquable président du Conseil français entre juin 1954 et février 1955 – cette équipe entendrait-elle assumer en cas d'échec? N'ambitionnerait-elle par hasard que d'être là, oui seulement être, sans que cette apparition soit liée à un résultat, un succès? Alors, nous les citoyens, nous n'élirions l'exécutif que pour qu'il «soit là». Une essence qui précéderait l'existence. Juste se montrer de temps à autre, avec le bel huissier aux couleurs cantonales, qu'enfant je prenais pour le magistrat.

ÉQUIPE DE HASARD Nous les citoyens, de gauche ou de droite, du centre ou de nulle part, si nous commettons à nouveau l'erreur, cet automne, d'envoyer aux affaires une équipe de hasard, où un ou deux brillants (allez, disons MM Longchamp et Maudet) se mêleraient à des passants, eh bien nous n'aurons pas à nous plaindre. Nous avons les gouvernements que nous méritons. Et pour le féminin de «passants», relisez, je vous en supplie, le sublime poème d'Antoine Pol. Et fuyez, l'espace d'immortelles syllabes, ce monde en reptation.