UDC-MCG: le chaperon et le loup

ÉLECTIONS • Partis parlementaires mais pas gouvernementaux, l'UDC et le MCG ont des points communs, leur rapport à la frontière par exemple, et leur tonalité protestataire. Mais ils n'en sont pas moins rivaux: au soir du 6 octobre, entre ces deux univers-là, il y aura un gagnant. Et un perdant.

  • Céline Amaudruz et Roger Golay.

  • Céline Amaudruz.

    Céline Amaudruz.

  • Roger Golay.

    Roger Golay.

L'UDC et le MCG. Ils sont le troisième tiers de la politique genevoise. Le premier étant la gauche. Le deuxième, l'Entente (PLR-PDC). Idéalement, s'ils se mettaient ensemble, ils pourraient faire des ravages. Mais dans la vie politique, tout est toujours plus compliqué. Ceux que l'on croit amis ne le sont pas. D'ailleurs, dans ce monde-là, il n'y a pas d'amis. Tout au plus, des intérêts communs. C'est pourquoi, ceux qui rêveraient d'une alliance UDC-MCG, fer de lance d'une nouvelle grande force à Genève, risquent d'en être, longtemps encore, pour leurs frais. Pour les uns, c'est rageant. Pour les autres, l'Entente par exemple, c'est jouissif. Cela porte un nom, celui d'un ouvrage de jeunesse publié en 1924 par un capitaine nommé Charles de Gaulle: «La Discorde chez l'Ennemi».

RAPPORT À LA FRONTIÈRE
L'UDC et le MCG ont des points communs. Le plus puissant d'entre eux est leur rapport à la frontière. Candidat UDC au Conseil d'Etat, Yves Nidegger ose même l'expression «amour de la frontière», positivant ainsi une attitude faisant l'objet de toutes les récriminations de la gauche et de la droite libre-échangiste, ou libertaire. En commun, ils dénoncent Schengen et Dublin, le régime des bilatérales, la «libre circulation des délinquants», le manque de contrôle des flux migratoires. Sur ce socle-là, qui n'est pas le moindre, ils peuvent faire campagne ensemble. Assurément, sur le plan de l'efficacité électorale, ils pourraient aller assez loin.

PAS GOUVERNEMENTAUX
Autre point commun: l'UDC et le MCG sont les deux seuls partis parlementaires à n'être pas gouvernementaux. Les quatre autres, PLR, PDC, Verts, socialistes, ont des représentants au Conseil d'Etat. Avec tout ce que cela, à Genève, implique de facilités pour placer des hommes, occuper postes et prébendes, s'enraciner dans le terreau du pouvoir. Avec, aussi, des paradoxes: ayant par exemple le même nombre de députés que les Verts (17), le MCG n'a aucun magistrat exécutif, et les Verts en ont deux. Jouer de cette marginalisation commune, qui profite aux installés, aurait pu tonifier la campagne, avec la dynamique rebelle (donc séduisante) d'un front du refus, vierge de compromissions, prometteur d'une politique nouvelle.

MÉFIANCE MUTUELLE
Seulement voilà, la réalité d'aujourd'hui, entre ces deux univers, c'est la méfiance mutuelle. Premier parti de Suisse, mais chétif à Genève, l'UDC regarde ce cher cousin aux dents si longues avec la mine timorée du chaperon devant le loup. Blocher ne supporte pas l'idée, dans les cantons, d'un autre parti protestataire que l'UDC, autant dire qu'à Genève avec le MCG, au Tessin avec la Lega, il devient fou. Alors, ces deux partis passent en fait le plus clair de leur temps à se regarder en chiens de faïence. Ils savent bien, l'un et l'autre, qu'une grande partie du combat électoral se fera sur le même territoire, la même portion de gâteau. A ce jeu-là, le 6 octobre, il y aura un gagnant et un perdant. Après, sur la base du nouveau rapport de forces parlementaire, on pourra peut-être faire un bout de chemin ensemble. Et puis, peut-être pas. De cette désunion mortifère, nul n'est dupe. En tout cas pas l'Entente. Qui se frotte les mains et se pourlèche les babines.