Une Constitution imposée par les communes rurales cossues

  • Le grand Genève urbain ne voulait pas de cette nouvelle Constitution.

NOUVELLE CONSTITUTION • C'est donc oui (54,1%), mais un oui affaibli par un taux de participation (31,9%) catastrophique. Si on tient compte des plus de 40% de personnes ne votant pas dans le canton (étrangers, mineurs), on arrive à peu près à une personne sur dix ayant voté le texte. Mais enfin, c'est le jeu, la Constitution est acceptée. Et celle de James Fazy (1847), après plus d'un siècle et demi de loyaux services (et une grêle d'amendements), va doucement prendre le chemin des archives, pour les historiens.

Victoire fragile

Ce dimanche 14 octobre, en tout début d'après-midi, les vainqueurs arboraient certes le sourire, mais ne triomphaient pas. Ils sentaient bien la fragilité de la victoire, la légitimité bien chétive du nouveau texte. Et ils n'avaient pas tort: à voir, dès ce dimanche et en réalité depuis le début de l'exercice (2008) le peu d'empressement du Conseil d'Etat à marquer le moindre intérêt pour la refonte de notre Charte fondamentale, on a franchement l'impression qu'il va la mettre en application en traînant les pieds.

Cinq années

Car le moins qu'on puisse dire, est que le Conseil d'Etat n'a pas facilité la tâche des Constituants. A la RTS, dimanche soir, un ministre prenait de très haut la décision souveraine du peuple, semblant laisser entendre qu'elle n'était qu'un signal parmi d'autres, et que le gouvernement puiserait là où il voudrait bien décréter des lois d'application. Il a pourtant cinq ans pour le faire. Cinq années, il faut bien le dire, où nos législateurs vont devoir se coltiner tout un fatras de chantier juridique bien éloigné des urgences premières et des nécessités brûlantes de l'Etat. Lesquelles sont, comme indiqué plus haut, la réduction du train de vie de l'administration, celle des déficits et de l'endettement.

Une carte divisée

Enfin, regardez la carte de ce vote. James Fazy avait fait sauter les fortifications, ouvrant Genève au monde. Là, c'est exactement le contraire: la Constitution est acceptée par la ceinture rurale des communes cossues, avec villas et jardins. Et imposée à une Ville de Genève, mais aussi des communes comme Onex, Lancy, Carouge, Vernier et Meyrin, entendez le Grand Genève Urbain, qui n'en voulaient pas. Construire l'avenir sans tenir compte de cette carte électorale, c'est courir au-devant de déboires profonds.