Ce patron qu’on aime détester

MANAGEMENT • Détester son boss fait partie des réflexes primaires les plus pathétiques. Cette posture est facile, naïve et présomptueuse. Malheureusement, c’est un sport national. Voici la conclusion de la dernière étude de la société de conseil Great Place to Work (GPTW) menée auprès de 50’000 employés en Suisse. Selon celle-ci, un travailleur sur deux juge son chef incompétent. En d’autres termes, il ferait mieux que son supérieur direct.

Ce délire mégalomaniaque touche tous les secteurs d’activité, sans distinction entre les hommes et les femmes. Qu’ils soient ingénieurs, comptables ou mécaniciens, 50% des employés se rêvent meilleur calife que le calife. Cette erreur de jugement a des répercussions importantes puisque la manière dont les employés évaluent leur patron est un facteur décisif dans leur appréciation de l’employeur. En gros, le patron est l’entreprise.

Quelles sont les raisons qui poussent les travailleurs à faire preuve de tant de morgue? Selon l’étude, beaucoup de chefs ne prennent pas assez en compte les suggestions des employés. En outre, seuls 48% des sondés se disent satisfaits de la transparence de leurs dirigeants. Un constat peu reluisant qui s’explique en partie par l’autisme dont font parfois preuve certains dirigeants. Mais, c’est certainement une raison minoritaire. La principale réside dans le réflexe inné de critiquer celui qui nous dirige. Il suffit de se balader sur Internet pour découvrir que détester son boss fait du bien aux employés frustrés. On peut y acheter des livres au titre évocateur: «Comment pourrir la vie de son patron: 150 façons de lui faire du mal en se faisant du bien». Cet état d’esprit ridicule explique souvent la solitude des top managers. Souvent obligés d’affronter des problématiques dépassant l’employé lambda, ils doivent faire preuve d’équilibrisme pour contenter tout le monde. Apparemment, en vain.