De Pretoria à Genève: une élection à risque

On le sait depuis des temps immémoriaux, la politique et l’économie sont intimement liées. Même si c’est souvent la seconde qui dicte ses prérogatives à la première, le 8 mai, il en sera autrement. Ce jour-là, l’Afrique du Sud doit élire un nouveau parlement. Cette élection n’est pas sans conséquence pour notre place financière car notre pays et celui qui a vécu l’apartheid ont toujours tissé d’importantes relations économiques. Rarement glorieuses, mais toujours étroites.

Mais revenons au 8 mai. Selon de nombreux spécialistes, les électeurs sud-africains devraient confier au Congrès national africain (ANC) du président Cyril Ramaphosa un mandat de cinq ans. De ce côté-là, peu de suspense. Le véritable enjeu se situe ailleurs. Le nouveau président aura-t-il suffisamment rassemblé pour obtenir les pleins pouvoirs afin de mettre en œuvre des réformes indispensables en matière de dépense publique? Cette question s’avère cruciale car les risques de conflit social et de désaccords internes planent toujours.

Surtout que d’un point de vue économique, la situation n’est guère réjouissante comme le confirme un bulletin émis par la banque privée Lombard Odier: «La mauvaise santé de l’économie sud-africaine s’est encore dégradée depuis l’entrée en fonction du président Ramaphosa. Des fondamentaux structurellement faibles et une croissance économique d’à peine plus de 1% par an en moyenne ont fait s’accroître le déficit courant de l’Afrique du Sud, chuter sa productivité et grimper son taux de chômage à plus de 27%.»

Pour que le pays de Nelson Mandela puisse espérer voir le bout du tunnel, il est donc essentiel que la victoire du président Ramaphosa soit ample. Faute de quoi, l’Afrique du Sud pourrait s’embourber dans une nouvelle crise.