PERSPECTIVES • Il est amusant de constater que les médias ont souvent un temps de retard sur la réalité économique. En Suisse comme ailleurs. Quand les moteurs tournent à plein régime, on évoque la présence d’une crise. Et lorsque les véritables menaces se précisent, on clame à longueur de journée que tout va bien.
Nous sommes actuellement dans le deuxième cas de figure avec un taux de chômage qui se réduit à Genève, une conjoncture mondiale éblouissante et des ultrariches toujours plus nombreux. On se croirait presque revenu au temps des Trente Glorieuses. Le problème est que ce n’est pas aussi simple. Certes, si on se penche naïvement sur les divers indicateurs, la situation peut être jugée excellente. Mais la naïveté n’a jamais été bonne conseillère en matière économique. Car les menaces se font toujours plus précises sur la conjoncture mondiale.
Christine Lagarde, la patronne du Fonds monétaire international (FMI) a évoqué, lors de son dernier passage à Hongkong, le risque de voir l’économie mondiale se déchirer. Pourquoi? A cause des politiques protectionnistes actuellement à la mode, aux Etats-Unis notamment. Sont aussi pointés du doigt, le vieillissement de la population et la faible productivité des pays développés. Sans oublier la dette mondiale qui a atteint le niveau record de 164’000 milliards de dollars. Ce qui met les gouvernements, les entreprises et les ménages dans une situation plus vulnérable en cas de ralentissement du marché. Et quand on parle de ralentissement, il n’est nullement question ici d’une petite fluctuation, mais d’une crise majeure. Car l’économie étant profondément cyclique, on ne doute pas d’une future dégringolade. On s’écharpe juste sur une question: quand?