En Afrique, la croissance ne suffit plus

MIGRATION • Un Africain sur trois est prêt à émigrer, c’est la conclusion d’une récente étude réalisée par le réseau de recherche Afrobaromètre. Et cette envie de partir touche plus de la moitié des jeunes ayant fait des études postsecondaires. Les raisons invoquées par ces candidats au départ sont toujours les mêmes: trouver du travail et échapper aux difficultés économiques. Et contrairement aux idées reçues, le problème de la migration ne touche pas tant la Suisse ou l’Europe, mais plutôt les pays africains dont l’économie est émergente. En effet, ces derniers risquent de devoir se passer de leurs adultes les plus scolarisés, ce qui deviendra très rapidement un handicap majeur pour leur développement économique.

Autre cliché brisé par l’étude, la migration de nombreux Africains se fait essentiellement à l’intérieur du continent, et non vers l’extérieur, comme on le croit souvent. Plus d’un tiers des migrants potentiels aimeraient déménager dans un autre pays dans leur région (29%) ou ailleurs en Afrique (7%). Cette préférence pour les pays du continent est particulièrement forte en Afrique australe (58%). Elle est, en revanche, très faible, dans les nations d’Afrique du Nord (8 %). Mais là encore, les variations d’une région à l’autre peuvent être importantes: au Niger, 83 % souhaiteraient rester en Afrique, comme 63% des Burkinabés. Mais au Sierra Leone (91%), au Sénégal (91%), en Gambie (94%) et au Cap-Vert (98%), plus de neuf émigrants potentiels sur dix souhaitent quitter le continent.

Une réalité démographique qui ne doit cependant pas cacher l’essentiel. En 2019, malgré un ralentissement de l’économie mondiale, la croissance devrait s’accélérer dans le continent africain. Elle se situera vraisemblablement entre 3 et 4%, soit nettement au-dessus de nombreux pays industrialisés. On ne peut que s’en réjouir car la croissance est toujours synonyme d’avenir meilleur.