La mode du selfie booste le tourisme Economie

Vous avez dû le remarquer cet été, les voyageurs qui abusent de la perche à selfie incarnent souvent ce qu’il y a de pire dans le tourisme: le bus rouge à deux étages parcourant les capitales, le restaurant avec menu en neuf langues, la boutique de souvenirs kitsch. C’est vrai, mais c’est en train de changer depuis quelques années.

Un exemple? Un palace parisien a imaginé un tour de Paris des meilleurs endroits à selfie, moyennant au moins 995 euros. Si cette offre n’est plus disponible aujourd’hui, les retours auraient été bons de la part des clients de l’hôtel. A Athènes, un hôtel a installé sur sa terrasse un selfie spot avec vue imprenable sur l’Acropole. Plus intéressant encore, l’égoportrait est devenu le symbole d’un nouveau modèle de consommation, celui de l’économie de l’expérience. Une récente étude du cabinet d’études McKinsey démontre que les dépenses personnelles concernant des expériences (se prendre en photo au sommet du Mont-Blanc par exemple) ont crû en Europe de 5% entre 2015 et 2017. Alors que les dépenses globales n’ont augmenté que de 2,3% durant la même période. En d’autres termes, chercher le plus beau spot à selfie booste le tourisme mondial. Mais aussi le chiffre d’affaires des entreprises de pompes funèbres.

En effet, chaque année environ 40 personnes meurent en prenant des selfies dans le monde. Ces morts absurdes sont cinq fois plus nombreuses que les attaques de requins. Si les femmes prennent le plus d’autoportraits, les trois quarts de ces drames photographiques touchent des hommes, jeunes, avec des conduites à risque: noyades, accidents de transport, chutes, feu ou armes. Un phénomène qui oblige certains pays à créer des «zones sans selfie». Bref, la bêtise humaine peut bien booster le tourisme, elle n’en reste pas moins affligeante.