La mort programmée de la croissance

Année après année, à Genève comme dans l’ensemble de la Suisse, la croissance reste en berne. Quand l’économie tourne à plein régime et que toutes les planètes sont alignées, on atteint péniblement les 2%. Mais le plus souvent, elle stagne entre 1 et 1,5%. Avec quelques brefs passages sous la barre du 1%. Pas fameux me direz-vous? Certes, d’autant plus que dans les années 1960, elle se situait souvent entre 4 et 5%. Faut-il donc en conclure que la croissance est morte? Oui, c’est une évidence.

Ce déclin structurel ne s’explique pas seulement par un déplacement de cette croissance vers les pays émergents, argument souvent invoqué par les experts en la matière. En effet, si l’on s’attarde sur le PIB (Produit intérieur brut) mondial, on remarque également une tendance à la baisse. Moins spectaculaire, mais bien présente. Entre 1960 et 1970, le taux se situait en moyenne à 5,4%, entre 1970 et 1980, il était de 3,9%, entre 1980 et 1990 de 3,1% pour finalement atteindre les 2,7% à partir des années 2000.

Cette baisse continue s’explique de multiples manières. D’abord, on constate une certaine stagnation de l’innovation. C’est étonnant, mais c’est la triste réalité. D’autre part, l’endettement public et privé ainsi que la politique monétaire initiée ces dernières années créent un cercle vicieux induisant une baisse de la consommation. Autre explication, la hausse de la productivité constatée entre 1950 et 2000 ne se vérifie plus aujourd’hui. Certes, la digitalisation permet des gains intéressants, mais bien moins grands qu’au siècle passé. Enfin, l’épuisement des ressources naturelles est aussi un élément à prendre en compte. Les énergies abondantes ont permis de créer des richesses. Aujourd’hui, nous touchons les limites de ce système. Cette fin de l’abondance énergétique signifie aussi celle de nos économies. Il faudra simplement s’y habituer.