La mortifère léthargie des banques privées

Est-ce de l’arrogance? De la naïveté? Une forme de fatalisme? Toujours est-il que les banques privées traversent une période des plus compliquées. Et c’est un euphémisme. Les chiffres sont là pour le prouver. En 2010, on comptait encore 163 établissements en Suisse. En moins de dix ans, leur nombre a fondu comme neige au soleil: il n’en reste aujourd’hui que 101. Et les prévisions sont alarmantes. Dans sa dernière étude réalisée en collaboration avec l’Université de Saint-Gall, le cabinet de conseil KPMG n’y va pas de main morte. D’ici à 2025, 40 autres établissements auront disparu.

Comment expliquer cette hémorragie? En premier lieu, les banques privées n’ont pas suffisamment amélioré leur modèle d’affaires. Ce qui veut dire qu’elles n’ont pas su adapter leur stratégie à l’évolution du marché. Conséquence directe, les performances affichées sont réduites. A cause notamment de leur dispersion. Ces banques qui ne tournent plus sont présentes dans trop de marchés sans en avoir les ressources nécessaires pour y être efficaces. Dans le même temps, leurs charges, notamment de personnel, continuent d’augmenter, ce qui réduit considérablement leurs marges.

Bref, un cercle vicieux responsable du processus de consolidation auquel on assiste depuis une décennie. Leur seule issue? Réagir de manière radicale et immédiate ou fermer l’établissement en espérant pouvoir revendre leur clientèle à un confrère. C’est certainement le deuxième scénario qui se confirmera ces prochaines années tant la remise en question semble lointaine. La raison à cela est à chercher du côté du conseil d’administration où l’âge moyen d’un membre est passé de 59 ans en 2012 à 62 ans en 2018. Quant à la proportion des femmes, elle n’atteint même pas les 10%. A ce rythme-là, le Vieux monde fonce droit dans le mur…