Le business du vide fait toujours recette

Je suis toujours consterné quand je me balade sur LinkedIn. A sa création, ce réseau social professionnel avait une fonction intéressante: mettre en relation ceux qui travaillent. Leur permettre d’échanger, de poster en ligne leur CV et de trouver un job. Mais, depuis quelques mois, il est en train de devenir un ramassis inconsistant de bêtises. Certains utilisateurs en mal de reconnaissance y copient-collent des pensées bas de gamme censées expliquer leur propre échec. «Vous n’échouez jamais, tant que vous n’arrêtez pas d’essayer»; «D’abord ils vous ignorent, ensuite ils vous ridiculisent, puis ils vous combattent, et enfin vous gagnez»; «Dans toute situation, la meilleure chose que vous pouvez faire est la bonne chose; la pire chose que vous pouvez faire est de ne rien faire». Dans l’ordre, voici des citations supposées d’Albert Einstein, du Mahatma Gandhi et de Theodore Roosevelt, nonchalamment balancées dans mon fil d’actu.

J’étais déjà habitué à la vacuité des émissions de téléréalité. Apparemment, elle fait recette puisqu’elle déteint un peu partout. Comme sur YouTube où les pseudos penseurs espèrent trouver un écho en misant sur le vide. On y apprend des choses fondamentales: les lundis sont vraiment cool, l’optimisme nous rend heureux et que quand on veut on peut. Bref, un bon gros délire pour névrosés en mal de gourous. Et je vous épargne les podcasts sur le dépassement de soi et les conseils destinés à ceux qui veulent devenir entrepreneur. Ils doivent se lancer car la peur de l’échec n’est qu’une vue de l’esprit. Même quand on doit payer ses factures et que l’on a une famille à nourrir, on peut vraiment se permettre de multiplier les ratés. Bref, les seuls qui s’en mettent plein les poches sont ceux qui promettent monts et merveilles aux âmes égarées. Sur Internet comme ailleurs, le business du vide s’apparente surtout à un business du désespoir.