L’économie explique (aussi) la misère sexuelle

ÉTUDE • Le livre «An Economist Walks into a Brothel: And Other Unexpected Places to Understand Risk» traînait sur mon bureau depuis le mois d’avril, date de sa sortie. Je me suis dit que les beaux jours me convaincraient d’attaquer l’ouvrage écrit par l’économiste américaine Allison Schrager. Et je ne regrette pas de l’avoir fait. Tout au long des 236 pages, celle qui est aussi journaliste déroule une argumentation dont la conclusion fait frémir: l’économie permet d’expliquer pourquoi les Millenials ont moins de relations sexuelles que leurs aînés. L’auteure s’appuie sur une méthode étonnante pour soutenir son raisonnement.

En effet, d’après ses recherches, la notion d’actif sans risques, soit des placements financiers permettant de récupérer sa mise de départ, colle parfaitement au comportement des 20-40 ans. En d’autres termes, les Millenials seraient peu téméraires. Ce qui les pousse à fuir le moindre danger ou le plus petit imprévu. Et le réflexe le plus sûr consiste à tout simplement rester chez soi le plus souvent possible. Diminuant ainsi drastiquement les chances de rencontrer un nouveau, ou une nouvelle, partenaire. De plus, selon Allisson Schrager, les 20-40 ans ne souhaitent pas trop s’attacher par peur d’avoir à affronter une rupture désagréable.

Plus inquiétant, l’économiste américaine confiait dans une interview au magazine Quartz que «désormais, tout le monde peut avoir l’impression de vivre une existence satisfaisante sans quitter son canapé.» Comment? En se baladant sur les réseaux sociaux, en se connectant à son compte Netflix ou en tuant des monstres dans le dernier jeu vidéo à la mode. Et la conclusion de l’ouvrage est tout aussi angoissante. Il y est rappelé que le manque, ou l’absence, d’interactions sociales conduit inévitablement à des sentiments de solitude et d’anxiété. Vive le futur!