Les patrons, employés comme les autres

Il y a peu encore, les directeurs généraux des grands groupes internationaux se pensaient indétrônables. Elevés au rang de demi-dieux par leur conseil d’administration, leur arrogance n’avait d’égal que leur égocentrisme. Mais ça, c’était avant. Désormais, ils savent qu’ils peuvent être congédiés à tout instant. Comme un employé lambda en fait.

Si l’on a encore à l’esprit la chute brutale de Carlos Ghosn, l’ancien patron de Renault et Nissan, les exemples de départ fracassant se multiplient depuis quelques mois. Kevin McAllister, du constructeur Boeing, a dû plier bagage suite à l’affaire des Boeing 737 Max. Autre bouc émissaire, Mark Parker, le patron de l’équipementier Nike. Après treize années à la tête du géant américain, il a été contraint de démissionner. La faute à de nombreux scandales qui ont ébranlé la marque. Comme celui lié à l’entraîneur d’athlétisme Alberto Salazar, financé par Nike et suspendu durant quatre ans pour incitation au dopage. Ou encore les accusations de Daryl Morey, directeur de l’équipe de NBA des Houston Rockets, qui a affirmé dans un tweet que l’équipementier dirigeait officieusement la NBA à coup de millions de dollars de publicité et autres partenariats. Autre départ médiatisé, celui du directeur général d’Under Armour, Kevin Plank. Tout comme celui de WeWork, Adam Neumann, mis à la porte suite à la chute du géant du coworking.

Selon le cabinet de coaching Challenger, Gray et Christmas, 1160 entreprises américaines auraient récemment annoncé le départ de leur grand patron, un nouveau record qui démontre un évident changement de paradigme. Faut-il s’en réjouir? Bien entendu car cela envoie un signal fort aux employés: même le patron peut être viré s’il fait preuve de suffisance, de mauvaises performances ou ferme les yeux sur des malversations avérées. Une humanisation du leadership à saluer.