Voitures autonomes: un sondage percutant

  • Fabio Bonavita, journaliste.

    Fabio Bonavita, journaliste.

TENDANCE • Quand on a commencé à parler des véhicules autonomes, on s’est dit que le concept était vraiment révolutionnaire. Voyager dans sa voiture sans se soucier de la route, une expérience inimaginable il y a dix ans. Ah, les routes de Toscane tranquillement installé dans son siège prêt à prendre des photos, la belle vie! Vraiment? Car lorsque les freins de la belle voiture autonome lâcheront, un dilemme moral s’imposera à elle. Devra-t-elle éviter en priorité un groupe d’écoliers ou un couple de personnes âgées? Est-ce préférable de percuter une femme enceinte ou de foncer dans le mur avec le risque de tuer ses occupants?

Les chercheurs du CNRS, du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et des universités d’Harvard et de Colombie britannique ont posé ce genre de questions aux internautes sur une plate-forme en ligne baptisée «Moral Machine». Et le sujet passionne puisqu’ils ont reçu pas moins de 40 millions de réponses en provenance de 233 pays ou territoires à travers le monde. Les trois critères principaux qui se dégagent après l’analyse des résultats sont les suivants. Il faut sauver: les humains plutôt que les animaux (n’en déplaise aux antispécistes), le plus grand nombre de vies et les enfants. Relativement logique. Ce qui l’est moins, c’est que les personnes en surpoids ont environ 20% de probabilité de plus de se faire tuer que ceux qui sont athlétiques. Les pauvres, eux, voient le risque d’être percutés par une voiture autonome augmenter de 40% par rapport aux plus fortunés. On ne parle même pas des SDF qui sont certains d’être pris pour cible en cas de collision. Cette expérience de psychologie sociale confirme ce que l’on redoutait: la technologie contient toujours un pendant immoral. Et pas qu’au cinéma.