Avoir la peau du «précariat»

  • GIANCARLO MARIANI, RÉDACTEUR EN CHEF

    GIANCARLO MARIANI, RÉDACTEUR EN CHEF

Des ghettos à Genève? Vous n'y pensez pas! C'est impossible! Eh bien détrompez-vous, les lieux «oubliés de la prospérité», comme l'écrit pudiquement le président du Conseil d'Etat Charles Beer, non seulement existent mais en plus, ils prolifèrent (lire en page 3). Comme souvent, les causes de cette fracture sociale béante sont multiples. La faute en partie à une ville-canton qui prend des allures de métropole prospère sans réaliser qu'une partie croissante de sa population subit de plein fouet la crise. Celle-ci creuse les inégalités, attise les foyers de tension et grossit les rangs des laissés-pour-compte qui se sentent parqués et traités sans le moindre respect.

Le pire, en sillonnant ces quartiers du «précariat», c'est que les habitants y semblent résignés. Pour beaucoup d'entre eux, à quoi bon réagir, tout le monde s'en fout! Cette fatalité aussi inquiète. En effet, qu'y a-t-il de plus alarmant qu'une société où la misère est considérée comme normale? Quel avenir peut-il y avoir pour un Grand Genève si une partie de ses habitants est mise à l'écart? La réponse est simple: aucun.Une fois n'est pas coutume, les autorités semblent avoir compris la gravité de la situation. A l'échelle communale, cantonale et fédérale, elles ont décidé de rénover certains quartiers. Leur programme s'appelle notamment: Passerelles. Quel joli nom, plein de promesses. Si elles sont tenues, elles vont créer de la mixité et du lien social là où justement on en manque cruellement. Ouvrir des lieux culturels aussi. Autant de solutions simples pour corriger le tir. Et rappeler que de tout temps, vivre à Genève est une fierté et un privilège. Et cela, quelle que soit la classe sociale.