Brasser de l'air

  • GIANCARLO MARIANI, RÉDACTEUR EN CHEF

    GIANCARLO MARIANI, RÉDACTEUR EN CHEF

Les chiffres le (dé)montrent. Depuis les années 2000, Genève reste malade de son air (lire en page 3). En cause? Des pics de pollution aux particules fines qui dépassent régulièrement les normes admises par la Confédération. Chauffages, pots d'échappements de véhicules et industrie chimique sont les principales causes de cette pollution invisible qui commence aussi à inquiéter les médecins. Surtout lorsque la météo en prolonge les dangers sur la santé publique, comme cet hiver.

Le pire, c'est qu'avec l'accroissement de la population du Grand Genève, la situation risque d'empirer. Pourquoi? Parce que le plan antipollution actuel est inefficace et souligne à quel point les autorités cantonales n'ont pas su prendre la juste mesure du problème. Autrement dit, si rien n'est entrepris, le canton pourrait bien devoir appliquer les mesures d'urgence de mégalopoles comme Shanghai, Mexico ou Pékin, pour lutter contre la pollution de l'air. Circulation alternée, limitation de vitesse, zones piétonnes imposées et autres fermetures d'usines deviendraient alors la norme. Et les masques antipollution proliféreraient dans beaucoup de quartiers. Ne riez pas, tout cela nous pend réellement au nez. La faute à qui? En grande partie à des élus qui réfléchissent en priorité le développement en termes économiques et quasiment pas en termes de lutte antipollution. Des élus qui estiment plus facile de réagir en pénalisant les Genevois et les pendulaires plutôt que d'anticiper en appliquant avec proportionnalité un principe de précaution inscrit dans les règlements et que la plupart des grandes métropoles ont déjà mis en œuvre.