A double tranchant

  • GIANCARLO MARIANI, RÉDACTEUR EN CHEF

    GIANCARLO MARIANI, RÉDACTEUR EN CHEF

L'utilisation abusive de sprays au poivre se banalise dans les rues de Genève (lire dossier en page 3). Aujourd'hui, il n'est pas rare que, pour un oui ou pour un non, un inconnu dégaine sa bonbonne en pleine rue et vous arrose tous azimuts sans crier gare.

Il faut dire que, contrairement à la bonbonne lacrymogène, le produit n'est pas considéré comme une arme. Facile donc de s'en procurer. Facile aussi de s'en servir sans aucune proportionnalité, sans aucun discernement ou self contrôle. C'est d'ailleurs ce qui arrive la plupart du temps. De là à penser que son utilisation tend à remplacer la franche et parfois saine engueulade, il n'y a qu'un petit pas que beaucoup ont déjà franchi.Mais le plus inquiétant dans cette escalade de la violence contre l'intégrité corporelle, c'est de constater qu'un grand nombre de citoyens, toutes catégories sociales ou d'âge confondues, sortent dans la rue armés de sprays. Pas pour se défendre ou se rassurer. Non, pour agresser, se venger ou se faire justice. Faut-il n'avoir jamais été arrosé par ces substances irritantes, qui brûlent la peau et entravent la respiration pour ignorer à quel point leur usage est violent... Faut-il être profondément égaré pour oublier que n'importe quel objet est à la fois le meilleur et le pire objet... C'est la manière de s'en servir qui en fixe l'utilité ou le danger. Alors, même si les raisons de se mettre en colère ne manquent pas, accros du spray, trouvez vite d'autres solutions pour pimenter l'existence de ceux dont la tête ne vous revient pas. A défaut, c'est la police qui s'en chargera.