Folles pulsions

  • Antonio Hodgers

    Antonio Hodgers

Ça chauffe sur les réseaux sociaux. En cause, la décision du président du Conseil d’Etat de ne pas prendre la parole lors de l’ouverture du Salon de l’auto, le jeudi 7 mars. Pour lui, il ne s’agit pas d’un boycott mais d’une présence silencieuse. «Champion de la parité», Antonio Hodgers respecte ainsi son engagement de garantir la présence d’une femme dans les discours. Ce n’était pas prévu au Salon. Comme aucun accord n’a pu être trouvé avec les organisateurs, ce sera donc la chancelière qui prendra la parole pour l’Exécutif cantonal. Une première qui a mis le feu aux poudres. Entre accusations d’énième Genferei et soutien inconditionnel à un magistrat droit dans ses bottes, les commentaires à l’emporte-pièce ont fusé. Preuve qu’à Genève, on ne badine pas avec la voiture et encore moins avec la plus grande manifestation de Suisse qui, ironie de l’histoire, tente cette année de reverdir son image en profondeur. Réconcilier tout ce monde ne sera pas simple. N’ébranle pas l’ordre établi qui veut. Reste qu’au-delà des divergences, des critiques, de la lisibilité ou non du message, cette polémique doit aussi servir à ouvrir de nouveaux horizons. Bousculer, surprendre, déranger, mécontenter, aborder les sujets qui fâchent comme la place des femmes dans le monde de l’automobile sont aussi des signaux forts de changements nécessaires… Bien entendu, on aurait préféré qu’organisateurs et autorités trouvent des solutions à l’abri du tumulte médiatique. Bref, qu’ils ne participent pas à transformer cette formidable tribune du Salon en tribunal populaire. Raté. Sans doute parce que comme le disait très justement François Longchamp dans son allocution de l’an dernier: «L’automobile excite en moi les pulsions les plus folles.» A l’évidence, il n’est pas seul…