Méfiance

  • STÉPHANE CHOLLET

Une honte; totalement inacceptable; scandaleux… Le ton est très vite monté sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Ce qui a mis le feu aux poudres? Une pub sur un tram des Transport publics genevois (TPG) vantant le commerce à Annemasse.

Ressentie comme une véritable agression à Genève, cette invitation au tourisme d’achat a brutalement actionné le tribunal populaire et la machine à lyncher numérique. Principales cibles? Pêle-mêle les frontaliers, la régie pub des TPG, le Grand Genève. J’en passe et des meilleurs...

Même des élus se sont enflammés à coups de commentaires. C’est dire à quel point le sujet est explosif des deux côtés de la frontière.

Pas question ici de minimiser son importance. Ni d’ailleurs de rappeler que sans mesures appropriées et rapides, c’est surtout l’e-commerce qui porte en lui une partie de la mort annoncée du petit commerce au centre-ville. Le mal est profond. Et cela aussi bien chez nous qu’en France voisine.

Non, ce qui frappe et laisse profondément perplexe, c’est la méfiance réciproque que continue à susciter le rapprochement entre Genève et la France voisine. C’est très inquiétant à quelques semaines de la mise en service du Léman Express.

Car ce que montrent ces réactions exacerbées, c’est aussi que l’accélération des échanges, la réduction drastique des distances dans la région n’a pas été correctement préparée et expliquée à la population.

Du coup, celle-ci se méfie, reste critique, attend de voir ce qui va réellement se passer. Surtout, elle rappelle que construire sur le long terme sur un sol transfrontalier fragile et en perpétuel changement ne peut réussir qu’avec son soutien. Personne ne peut lui donner tort.