Nouveau remaniement…

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Comme souvent, l’arbre malade cache la forêt fragilisée. Autrement dit, l’affaire Maudet qui déchaîne les passions, défraie la chronique et empoisonne la vie politique depuis de nombreux mois brouille le discernement, égare les jugements et altère le sens des priorités.

Savoir si le magistrat sera ou non condamné par la justice, soutenu ou non par son parti et la population, «démissionné» ou non par sa conscience est essentiel. Mais il fait trop souvent passer au second plan le fait que ce sont surtout les institutions, quoiqu’on en dise, qui sont fortement mises à mal et qui, en attendant que le temps de la justice et celui de la politique coïncident, ont un besoin urgent d’attention.

C’est particulièrement vrai pour le Département de la sécurité. Depuis le remaniement de septembre 2018, «provisoire» faut-il le rappeler, il est morcelé, coupé en deux. Ballotté entre Pierre Maudet et Mauro Poggia. Deux chefs qui ne peuvent au fond rien décider. Et cela même si, en apparence en tout cas, ils ne s’opposent pas. Pire, les forces de l’ordre, pouvoir régalien par excellence dont la loyauté à la hiérarchie est plus chevillée au corps qu’ailleurs, sont en proie à de véritables accès de schizophrénie.

Policiers, matons, tous doivent choisir leur camp. Qui commande? Qui est aujourd’hui légitimé à porter la politique du département? Servir l’un ne revient-il pas à renier l’autre? Il faut répondre de toute urgence à ces légitimes interrogations de la base car rien de bon ne peut sortir de telles incertitudes et hésitations au sommet. Surtout lorsque d’importants dossiers sont en souffrance.

Dans l’évident intérêt de l’institution, du strict respect de la séparation des pouvoirs et de l’efficacité de toute la chaîne sécuritaire, il faudrait aussi que le Conseil d’Etat réponde de manière claire et durable. Comment? Bien entendu, c’est aux seuls magistrats de décider. Mais la solution la plus rapide et efficace serait probablement de procéder à un nouveau remaniement en profondeur et de confier notamment le Département de la sécurité à un autre magistrat.

Bien entendu, cela ne doit en rien préjuger de l’issue de l’affaire Maudet. Ni laisser croire aux fonctionnaires qu’ils peuvent choisir leur magistrat. Non, le seul but recherché doit consister à redonner enfin les coudées franches aux forces de l’ordre et à l’Exécutif pour qu’ils puissent continuer leur indispensable travail sécuritaire en bon ordre et dans la sérénité et la confiance retrouvées.