Quand l'art rentre dans le lard

  • Christine Zaugg - Rédactrice en chef adjointe

    Christine Zaugg - Rédactrice en chef adjointe

Les Fêtes de Genève, c'est demain. Et demain, les touristes Moyen Orient qui chérissent tant nos festivités aoûtiennes, se feront rares dans la Cité de Calvin. La faute à qui? Pas à Rousseau mais bien au Ramadan. Mais rassurons-nous, le Moyen Orient est bel et bien présent. Du moins avec un magnifique accueil sous forme d'oriflammes, qui flottent sur le pont du Mont-Blanc. En réalité, ces 24 drapeaux ne sont autres que des copier-coller de l'enseigne Döner kebab (lire en page 6). Ils sont ainsi en adéquation avec les stands falafels et autres gourmandises arabes des Fêtes qui vont cerner le pont du Mont-Blanc.

Mais, késako cette étrange pub qui pavoise sur le Champ-Elysées des Genevois? De l'art contemporain, tout simplement! Un artiste britannique a gagné le premier prix d'un concours artistique lui donnant le droit d'exposer son œuvre à la gloire des fast-foods turcs à un endroit où justement la pub y est prohibée. C'est le but premier de sa performance: se réapproprier les lieux publics avec des logos existants. Il a ainsi réussi à rentrer dans le lard des Genevois et du MCG, qui a aussitôt demandé des comptes au Gouvernement.Les Döner kebab de l'artiste Monk pourraient aussi devenir une nouvelle Genferei: depuis ce printemps, la Poste et la justice s'inquiètent fortement de la Kebab Connection, calquée comme la Pizza Connection des années 70 à New York. Genève n'a-t-elle pas été désignée comme le centre névralgique suisse du blanchiment via ces petits commerces parce que certaines officines de change dans ces arrière-boutiques réalisent près de 10'000 francs de chiffre d'affaires mensuel en ne vendant que des babioles? En tout cas, belle réussite des agitateurs de Quartier des Bains, qui ont su, d'une pierre deux coups, faire rentrer l'art dans le lard!