Rupture programmée

  • Un Conseil d'Etat désuni et fragilisé. STÉPHANE CHOLLET

Le déficit programmé pour l’exercice 2021 devrait s’élever à plusieurs centaines de millions de francs. Le chiffre d’un demi-milliard est avancé en coulisses. Autant dire que les passes d’armes autour du projet de budget, présenté le 17 septembre, sont explosives. Surtout que, par la voix de son président (à quoi sert la ministre des Finances?), le Conseil d’Etat a déjà acté qu’il n’y aura pas de hausse d’impôts généralisée ni de baisse des prestations. Pour éviter une casse économique et sociale encore plus abyssale, le gouvernement a même accepté de continuer à maintenir à flot les petites entreprises, indépendants et précaires du secteur privé les plus frappés par la crise.

Question: sans réformes structurelles en profondeur sur le pilotage de la fonction publique où diable le canton le plus endetté du pays va-t-il trouver l’argent nécessaire pour stopper la descente aux enfers?

Le tout, alors que d’autres réformes très coûteuses comme le renflouement de la caisse de pension des fonctionnaires (CPEG) et la réforme des entreprises (RFFA) plombent déjà les comptes. Et que, cadeau empoisonné, le projet de budget prévoit la création de centaines de nouveaux postes. Difficile d’imaginer qu’une telle fuite en avant ne débouche pas, comme l’an dernier, sur une rupture de collégialité. Dans un exécutif désuni, fragilisé et dont les relations de confiance avec le Grand Conseil sont au plus bas, celle-ci est programmée. Reste à en mesurer l’ampleur. Et, surtout, à connaître dans le détail les mesures préconisées par le Conseil d’Etat. Il serait bon que les ministres, qui s’accordent tous pour accepter le principe d’une hausse de l’endettement en période de crise, s’entendent aussi sur la nécessaire maîtrise des forces et des dépenses. Avec des recettes fiscales plus aléatoires que jamais, il ne s’agit pas d’une option négociable mais d’un devoir!