Sans public…

  • FRANCIS HALLER

Ça y est. On touche au but. Le 15 mars, à la barbe de toutes les affaires qui ont entaché la vie politique ces dernières années à Genève, les citoyens auront élu leurs parlements dans les 45 communes du canton. On parle délibératifs. Pour les exécutifs, il faudra attendre le soir du 5 avril. Enfin… Si rien d’inédit et d’imprévisible ne nous tombe sur la tête avant. Car pour une fois, si les municipales deviennent un véritable laboratoire d’incertitudes, ce n’est plus seulement à cause des scrutins particulièrement ouverts. Ou du jeu toujours hasardeux des pronostics, du prix électoral à payer pour des alliances, faisons court, opportunistes, programmatiques, éphémères ou durables. Même la question de savoir si la déferlante écologique, féminine et jeunes qui a submergé pas mal de convictions lors des fédérales d’octobre dernier se reproduira à l’échelon des communes ne sera pas la seule inconnue. Non, ce que les politiques, experts et autres citoyens encore peu outillés en la matière risquent de mal anticiper cette fois, c’est surtout la puissance et la capacité à sérieusement bouleverser les équilibres électoraux d’un invité surprise très envahissant, le coronavirus. De manière spectaculaire, il a déjà totalement aseptisé l’intérêt des enjeux, contraint les candidats à repenser leur manière de communiquer les programmes, faire campagne ou faire passer leur message dans la rue. Bref, de faire de la politique en étant obligés de protéger et de se protéger des électeurs. A n’en pas douter, dimanche soir, nous aurons un premier aperçu de l’ampleur avec laquelle le virus aura contaminé, faisons court, de manière durable ou éphémère, ces municipales. Les premières où des candidats seront appelés à célébrer la victoire ou justifier la défaite… sans public!