Sens du sacrifice

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Alors que la deuxième vague frappe durement l’ensemble de la Suisse romande, les mesures sanitaires appliquées de manière disparate dans les cantons sèment la zizanie et un profond sentiment de rejet chez un grand nombre de citoyens.

Difficile en effet de faire comprendre à la population qu’entre Genève, Vaud et le Valais, les horaires de fermeture des cafés, bars et restaurants varient de 22h à 24h.

Incohérence aussi du côté des rassemblements dans l’espace public et privé. Pour faire court, ils sont limités à cinq personnes à Genève, dix chez nos voisins vaudois, fribourgeois et neuchâtelois, quinze dans le Jura. Pourquoi?

Et ce n’est pas tout… Dans le pays, les restrictions imposées aux manifestations sportives et culturelles publiques vont du huis clos à une limite de 1000 spectateurs. De quoi sérieusement déstabiliser dirigeants de clubs, organisateurs de spectacles et public.

Autre sujet de controverse: le port du masque. Il n’est pas imposé aux élèves du Cycle d’orientation genevois. Il l’est pour ceux qui étudient de l’autre côté de la Versoix. Et que dire des cantons qui l’imposent déjà dans l’espace public si la distance physique ne peut pas être respectée.

Errements et carences de planification ont aussi de quoi alarmer du côté des soins. Comment justifier que le recrutement massif de personnel pour faire face à une seconde vague annoncée par la plupart des spécialistes depuis ce printemps ne commence qu’au mois d’octobre?

Alors que nos voisins français vaccinent à tour de bras contre la grippe depuis septembre, les campagnes de vaccination ne démarreront à Genève que le mois prochain.

Pire. Marteler que l’on ne veut pas avoir à choisir qui soigner, n’est-ce pas aussi avouer que l’on n’a pas tiré toutes les leçons de la première vague? Et qu’on se retrouve, comme la cigale, fort démuni quand la bise est venue.

Des tas d’autres questions essentielles restent en suspens. Coûte que coûte, les autorités devront y répondre. Faute de quoi, elles ne parviendront pas à obtenir l’adhésion d’une partie de la population, elle-même déjà plus divisée que lors de la première vague (lire en page 9).

Son alignement discipliné et déterminé reste crucial. Son sens du sacrifice aussi.

Seule certitude, cette fois, il ne pourra pas s’obtenir par la peur.