Ville créative, ville récréative

  • GIANCARLO MARIANI, RÉDACTEUR EN CHEF

    GIANCARLO MARIANI, RÉDACTEUR EN CHEF

Faire la fête la nuit est un sujet très sérieux à Genève! Croulant sous les plaintes de citoyens exaspérés par les nuisances sonores - on se rappelle aussi qu'en 2012 un citoyen avait tiré sur des fêtards en Vieille-Ville - et épinglé par un rapport d'une commission externe, l'Etat a (sur)réagi en contraignant une trentaine de bars à fermer leur établissement à minuit au lieu de deux heures du matin (lire en page 4). Autrement dit, il a fait la preuve qu'en matière de pollution sonore, il n'a encore aucune politique cohérente et efficace à proposer.

Car à l'heure où toutes les villes importantes tendent à vivre 24 heures sur 24, espérer que le monde de la nuit s'arrête, comme par enchantement, à minuit, c'est faire preuve d'une inquiétante candeur. Les centaines de jeunes chassés des quartiers chauds auront tôt fait de reporter leur grondement noceur dans d'autres artères de la ville, sans doute déjà saturées. Difficile aussi de convaincre les responsables des établissements pénalisés ou menacés de rester des partenaires efficaces dans la lutte contre le bruit. Dans ce dossier brûlant, où les positions des uns et des autres sont souvent exacerbées, il ne faut pas perdre de vue que repenser le bruit la nuit oblige tous les partenaires à repenser la vie nocturne dans l'ensemble du canton. Et pas seulement dans les quartiers populaires. Il est bon aussi de rappeler que c'est à la population seule de formuler, dans le strict respect des lois, ce que doit être la vie nocturne d'une ville. Pas aux institutions. Dans le cas contraire, il est impossible de trouver le juste équilibre entre le droit à la tranquillité des habitants et leur droit de disposer de lieux pour faire la fête. Dans tous les cas, gardons à l'esprit qu'une ville créative se doit obligatoirement d'être récréative.