Visage humain

«Allô, j’ai un gros problème avec l’Etat.» Que le premier qui n’a pas pesté contre un service de l’Etat jugé défaillant ou un fonctionnaire tatillon et sec au comportement imbuvable lève la main. Justifiées ou non, ces brouilles et litiges sont souvent exacerbés par un sentiment d’impuissance, d’inefficacité et, pire encore, de service à la tête du client. Attention, pas question ici de réduire la fonction publique à quelques brebis galeuses. Ce serait une erreur impardonnable. Tout aussi impardonnable que de continuer à nier les problèmes relationnels et d’image entre les services de l’Etat et ses administrés. Notamment dans cette période de grands chambardements numériques et d’indispensables réorganisations structurelles. Dans ces conditions, il apparaît incompréhensible que Genève, souvent pionnière dans les questions des droits de la personne, n’ait toujours pas concrétisé la mise en place d’un bureau de médiateur administratif neutre. Et cela alors que le principe est inscrit dans la Constitution cantonale de 2012 et qu’un projet de loi, jugé prioritaire, a été adopté aussi bien par le législatif que l’exécutif. Difficile de faire mieux. Que ce dossier, qui semblait une formalité, se soit enlisé à ce point paraît tellement invraisemblable que la mesure fonctionne partout où les médiateurs occupent le terrain. C’est le cas à Genève avec l’Organe de médiation de la police, dans les cantons de Vaud et Zurich. Reste donc, à combler de toute urgence le retard. Autrement dit, à passer à l’étape suivante: «la concrétisation». Le tout, dans l’intérêt des citoyens mais aussi des fonctionnaires qui pourront au passage profiter du médiateur pour expliquer leur indispensable travail au service de l’Etat et lui donner, enfin, un visage plus humain.