Vivre le deuil autrement

  • STÉPHANE CHOLLET

C’est sans doute l’une des épreuves les plus difficiles de la crise sanitaire actuelle: ne pas pouvoir dire au revoir à ceux qui s’en vont, ne pas pouvoir les accompagner dans leurs derniers instants.

Les rites entourant la mort sont si importants que même les non-croyants en ont inventé pour surmonter ces instants. Prier, allumer une simple bougie ou boire et festoyer à la santé du défunt. Quelle que soit la forme, religieuse ou laïque, ce qui compte, c’est de se retrouver, de partager sa peine avec ses proches, sa communauté. Or, c’est très exactement ce que nous empêche de faire cette épidémie.

Dans ces circonstances, comment faire sereinement ses adieux? Comment entamer son travail de deuil? Confinés, on est contraints de réinventer. En s’appuyant sur les préceptes religieux qui prévoient ces cas de force majeure ou en reportant à plus tard la cérémonie funéraire. Pour certains en partageant sa douleur au téléphone avec la famille, les amis ou sur les réseaux sociaux.

Ce qui jadis était de l’ordre du privé dépasse du coup la sphère intime allant jusqu’à devenir viral. Les échanges virtuels qui semblaient autrefois froids et sans chair permettent aujourd’hui de combler l’absence physique des proches. Et même de retrouver un peu de chaleur humaine, si essentielle dans les moments de deuil.