Cybersécurité: le salaire de la peur

  • Fabio Bonavita

    Fabio Bonavita

NUMÉRIQUE • L’économie remercie WannaCry. Ce ransomware, qui a récemment affecté plus de 150 pays, est une aubaine pour les sociétés de cybersécurité. La multiplication des attaques crée naturellement un climat propice aux bonnes affaires. On le sait, la peur fait toujours recette. Entre 2015 et 2016, le marché mondial de la protection informatique a augmenté de 7,9% pour atteindre 81,6 milliards de dollars. Il pourrait dépasser les 120 milliards cette année. Et sa croissance folle est assurée pour de longues décennies.

Aujourd’hui, le secteur bancaire et les sites marchands sont les principaux clients des entreprises de protection numérique. Demain, la multiplication des objets connectés, comme les capteurs de domotique ou les voitures intelligentes, sera la garantie d’une insolente croissance. La conséquence est que les groupes de pirates à capuche (les clichés ont la vie dure), installés à Pyongyang ou Moscou, ne seront jamais poursuivis par les autorités. Ils auront tout loisir d’extorquer quelques centaines de francs à des particuliers naïfs et quelques milliers à des entreprises peu sécurisées, car le business généré dépasse largement les dégâts occasionnés. Pour preuve, la société américaine Symantec, à qui l’on doit le célèbre logiciel Norton Antivirus, a vu son action doubler en seulement un an.

Qu’en est-il à Genève? Depuis quelques années, les entreprises de cybersécurité se multiplient à une vitesse folle. Et, à chaque attaque, elles affirment que la solution est d’abord politique. C’est plutôt malin. Car, pendant que les élus y vont de leurs effets d’annonce, ces sociétés encaissent. C’est ce que l’on appelle «le salaire de la peur».