Doodle: une success story suisse trop isolée

  •  Fabio Bonavita

    Fabio Bonavita

INNOVATION • Franchement, l’idée était bête comme chou. En 2007, l’ingénieur en informatique Michael Näf souhaite organiser un souper avec ses amis. Après d’innombrables coups de fil et autres échanges par e-mail, la date est enfin trouvée. C’est à la suite de ce casse-tête logistique que l’Argovien a l’idée de créer Doodle. Avec son collègue de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, Paul Sevinç, il passe des jours entiers à imaginer une solution simple, rapide et intuitive.

Après une première levée de fonds réussie en 2008, les deux compères constatent que le nombre d’utilisateurs ne cesse de croître. Passant de quelques milliers à plusieurs millions en très peu de temps. Pas très étonnant. Le service est gratuit et foncièrement viral. On envoie l’adresse Doodle à ses amis qui ensuite font de même lorsqu’ils doivent organiser un autre événement. En 2010, la société atteint son seuil de rentabilité. Cinq ans plus tard, elle ouvre un bureau à Berlin pour assurer son expansion internationale. En 2017, alors que Doodle célèbre son dixième anniversaire, on recense pas moins de 26 millions d’utilisateurs.

Que faut-il retenir de cette success story made in Switzerland? D’abord, elle doit susciter des vocations à Genève. Elle démontre qu’une idée simple et habilement construite parvient toujours à trouver son public. Elle prouve aussi que notre canton a un rôle à jouer dans l’économie de demain, celle du numérique. Si Michael Näf avait été genevois, il serait parvenu au même succès. Plus que jamais, le terreau favorisant la création de start-up est riche. Le complexe d’infériorité que nous nourrissons parfois face aux réussites de la Silicon Valley doit définitivement être relégué aux oubliettes. Reste une priorité absolue, créer les conditions pour attirer les investisseurs et leur démontrer, bilan à l’appui, que des startups genevoises ont le potentiel de devenir des licornes.