Economie genevoise ou l’éloge de la lenteur

  •  Fabio Bonavita

    Fabio Bonavita

TENDANCE • Dans le microcosme économique genevois, les valeurs d’antan ont à nouveau la cote. Premier exemple, la sortie du livre Investir dans l’économie, pas en bourse, écrit par Blaise Goetschin, directeur de la Banque cantonale de Genève (BCGE) et son collègue Constantino Cancela. Que nous disent les deux banquiers? Il faut revenir à la rationalité, investir à long terme, ne pas céder aux sirènes de la pensée financière dominante. Bref, il faut se calmer. Et diversifier autant que possible ses investissements. Un discours rare et bienvenu dans l’univers ultra-compétitif des banques. Il faut dire que la crise financière est passée par là, amenant son lot d’enseignements.

Deuxième exemple, la dernière étude Entreprises familiales: une vision à long terme dans un monde pressé. Elle a été réalisée par la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève (CCIG), la BCGE et l’Office cantonal de la statistique. Au fil des pages, l’entreprise familiale y est glorifiée. On rappelle que le groupe Maus, la banque Lombard Odier, la régie Grange ou encore la papeterie Brachard sont en mains des mêmes familles depuis plus d’un siècle. En réponse aux excès des entreprises managériales, les vertus plus rassurantes de la famille ressortent donc avec davantage de vigueur. La prudence, la sécurité et la vision à long terme sont autant de points cardinaux, forcément moins présents au sein des multinationales.

A la suite des nombreux scandales financiers, la résilience et la stabilité semblent aussi redevenues tendance. Et il faut s’en réjouir car penser en termes de générations et de non de pourcentages s’apparente tout simplement à du bon sens. L’étude souligne également l’importance de la transmission. Et rappelle que 74’744 des entreprises suisses changeront de mains d’ici à cinq ans. Une réalité qui pourrait aussi devenir une menace si ces transitions ne se font pas avec le souci du long terme…