Je suis Wallon

TRAITÉ COMMERCIAL • Sans préjuger de la situation qui prévaudra quand paraîtront ces lignes, la résistance wallonne au Ceta mérite un grand coup de chapeau. Le Ceta est ce traité de libre-échange que Bruxelles et Ottawa se proposent de signer. L’enjeu étant ce qui n’est pas dit officiellement, à savoir que cet immense marché sans frontières sert à isoler la Chine, «Frankenstein» que l’Occident a créé, en l’acceptant il y a quinze ans, dans une entité basée à Genève, l’OMC. Une organisation en panne, on en saisit la raison.

Pour se protéger de l’Empire du milieu, Washington ne négocie pas pour rien avec l’Union européenne le Tafta, un traité dont le Ceta – huit entreprises américaines sur dix ont une antenne au Canada – est le clone. Adopter le Ceta, c’est en quelque sorte donner son blanc-seing au Tafta, un arrangement qui placera le pouvoir politique à la botte de l’économie. D’où des réticences évidentes dans plusieurs régions européennes qui n’aimeraient pas sacrifier à un diktat leur marge de manœuvre citoyenne et démocratique.

L’impression de cafouillage généralisé et le manque de transparence s’exacerbent dans le contexte de la campagne présidentielle américaine qui a vu les deux candidats finalistes prendre position contre le Tafta. Sont-ils sincères? On se le demande surtout pour Mme Clinton, nette favorite des sondages. Sinon pourquoi le couple Obama, dont le Tafta est devenu la reine des batailles, se démènerait-il autant pour la soutenir?

Jeudi 27 octobre, la table est prévue pour la cérémonie des signatures. Un grain de sable venu d’un petit royaume du vieux continent perturbera-t-il son ordonnancement? Quoi qu’il advienne, on aimerait que la Suisse romande s’inspire du David wallon, tant l’inféodation au pouvoir zurichois est criante et frustrante. A Berne, le Secrétariat d’Etat à l’économie jure qu’il suit avec attention le dossier du Ceta. A Genève et Lausanne, on ne peut que conseiller aux gouvernements de prendre l’affaire avec le même sérieux.