Le secteur du luxe va mieux! Vraiment?

  • Fabio Bonavita

LUXE • On prend les mêmes et on recommence. Après avoir clamé pendant des mois les difficultés structurelles et conjoncturelles du secteur du luxe, les médias annoncent en chœur une reprise généralisée. Le miracle s’est produit! Les dirigeants des grands groupes mondiaux se remettent à marcher sur l’eau, après avoir été à deux doigts de la noyade! Qui peut croire à un revirement aussi soudain? Certes, les chiffres sont moins catastrophiques. Le groupe genevois Richemont a annoncé des ventes en hausse de 6%, Hermès se targue d’un bond de 13,5%, LVMH d’une progression de 15% et Kering de 31%. En tirer des conclusions hâtives, c’est d’abord oublier l’ordre cyclique de l’économie et les maux majeurs de l’industrie du luxe. Depuis quelques années, cette dernière a toutes les peines du monde à se positionner. Elle se bat pour séduire les Millenials, mais perd de vue ses premiers clients, les plus fortunés. Pire encore, les jeunes générations ont relégué au second plan le rêve de la possession. Une récente étude en Chine confirme ce changement radical: les clients du luxe souhaitent voyager plutôt qu’accumuler des sacs, des vêtements ou des voitures prestigieuses. C’est la consécration du luxe d’expérience, celui qui consiste à déguster les mets d’un grand chef, se déplacer en jet privé ou encore partir à la rencontre d’une tribu reculée dans la jungle du Botswana. Demain, les grands noms du luxe seront présents en nombre sur ce segment aux promesses infinies. Ils n’auront plus le choix. En attendant, ils cherchent avant tout à satisfaire les appétits démesurés de leurs actionnaires en fabriquant à bas coûts, en diversifiant à l’infini leur gamme de produits et en contentant le désir d’ascension sociale de la classe moyenne. Avec de telles stratégies, le luxe est en train de perdre son âme. S’il poursuit sur cette voie, il égarera aussi ses clients…