L’hallucinant déraillement de Bombardier

  • Fabio Bonavita

    Fabio Bonavita

ENTREPRISE • Les multinationales sont des entreprises que l’on aime détester. Souvent à tort, puisqu’elles créent deux emplois sur trois dans l’arc lémanique. En ce qui concerne Bombardier pourtant, cette détestation est totalement justifiée. Jugez plutôt. En mai 2010, l’entreprise canadienne décroche le contrat du siècle avec les CFF: 59 rames pour un total de 1,9 milliard. A ce moment-là, elle fait miroiter une cascade de contrats pour les sous-traitants suisses.

Une enquête de la RTS démontre que cette promesse n’a pas été tenue. Ajouter à cela, les délais de livraison qui explosent puisque les premières rames devaient être délivrées en 2013. Les CFF attendent encore. Ce sera, au mieux, pour la fin de cette année.

Pour couronner le tout, le groupe canadien souhaite biffer 650 places de travail à Zurich et Villeneuve (VD) d’ici à 2018. Même si la plupart des emplois concernés sont des postes temporaires, la pilule passe mal. Pourquoi?

D’abord, les prévisions du groupe canadien pour 2017 tablent sur un bénéfice de 630 millions de dollars canadiens, soit plus de 453 millions de francs suisses. En hausse de 20%. Ce petit jeu mesquin consistant à licencier pour mieux engraisser les actionnaires ne passe plus. Surtout en ces temps où les citoyens sont plus que jamais gourmands de transparence, d’équité et d’éthique. Dire que, lors de l’attribution du contrat, de nombreux élus cantonaux et fédéraux romands avaient pris fait et cause pour Bombardier. On comprend mieux leur discrétion actuelle.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En effet, le contrat signé en 2010 prévoit 100 rames supplémentaires. A qui seront-elles commandées? Au groupe canadien ou à une société qui tient ses engagements? Valoriser les promesses tenues ou celle dites?